De l’usage massif des drogues à leur diabolisation

De l’usage massif des drogues à leur diabolisation

Bonjour mon brave, donnez-moi donc de l’héroïne

Coca Coka

Tout le monde – ou presque – sait par exemple que la formule originelle du Coca Cola contenait de la cocaïne. John Pemberton, son inventeur,  en avait ajouté dans sa boisson pour pallier sa propre addiction… à la morphine. Blessé lors de la guerre de Sécession, il devient vite accro à cet alcaloïde de l’opium.
La cocaïne, longuement utilisée comme anesthésique local, servait aussi dans le cas de maladies respiratoires. Sigmund Freud himself en a largement fait la publicité, la conseillant pour traiter les troubles gastriques, le mal de mer et la neurasthénie. Le père de la psychiatrie moderne l’indiquait tout spécialement pour se libérer des addictions liées à l’opium, à la morphine et à l’alcool… et a même écrit un livre à ce sujet intitulé Un peu de cocaïne pour me délier la langue. Évidemment, on en donnait aussi aux enfants, entre 1880 et le début du XXème siècle. Arnaud Aubron l’atteste :

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Dans la conscience populaire, on a parfois cette idée fausse que la drogue a été inventée dans les années 60 avec le mouvement hippie. Alors qu’il faut savoir qu’à la Belle Époque, on sait de source sûre qu’il y avait au moins autant de consommateurs de cocaïne qu’aujourd’hui en France.

Les ravages de l’héro

Full meth jacket

Plus que l’industrie pharmaceutique, on l’a vu, c’est souvent les pouvoirs publics qui ont encouragé la consommation de substances. Notamment en période de guerre. “Depuis la Guerre de Crimée [1853-1856, ndr] et la Guerre de Sécession, les soldats ont reçu des produits. D’abord la morphine, permettant de nets progrès médicaux. Imaginez : on pouvait à présent pratiquer de la chirurgie lourde aux abords des champs de bataille, comme des amputations, par exemple”, explique Arnaud Aubron.
Les objectifs de ces distributions de drogue sont aussi purement offensifs. Outre l’aspect anesthésique de la morphine, sa consommation servait aussi à augmenter les performances des soldats. Mais aussi – et surtout – leur courage sur le terrain. Aussi, si les Japonais et les nazis consommaient de la meth, c’est des amphétamines que distribuaient les Alliés à leurs troupes.
De retour du front, cette génération n’a pas fait face à une vague de toxicomanie massive. “Preuve que même avec une consommation massive, notamment chez les pilotes de chars et d’avions, ils n’étaient finalement pas si addict que cela. Ce fait permet de remettre en cause le pouvoir de l’addiction physique au profit d’une puissance probablement bien supérieur de l’addiction psychologique”, estime Arnaud Aubron.
De toute façon, heureusement, en France, on ne se drogue pas.
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