Le système mobile Android, le navigateur Chromium, l’IA TensorFlow… Google ouvre un site dédié à tous ses projets open source. Les développeurs sont ravis.
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Dans la savane évolutionniste de la haute technologie, deux clans philosophiques coexistent en se regardant en chien de faïence, tout en égrenant des résultats trimestriels vertigineux. D’un côté, les partisans du format propriétaire, comme Apple, Microsoft ou Adobe, qui fournissent des produits logiciels (systèmes d’exploitation d’ordinateurs et de mobiles, applications) pensés pour interagir entre eux comme un écosystème fermé, sur lequel travaillent uniquement les développeurs de la firme. C’est joli, ça fonctionne au poil, mais quand ça pète ou qu’on trouve un bug, il faut attendre que la marque assure le SAV – quand elle le souhaite – et côté sécurité on ne peut rien faire d’autre qu’accorder une confiance littéralement aveugle à la marque pour qu’elle n’installe pas de backdoor ou fasse joujou avec nos données d’utilisateur.
De l’autre, il y a les partisans de l‘open source, comme Firefox ou Linux, qui pensent pour leur part que mettre le code source de leur produit à la disposition de tous permet non seulement de l’améliorer constamment et d’augmenter sa durée de vie et son support technique mais également de résoudre les soucis de vie privée en étant transparent sur ce que permet concrètement ledit programme. Google appartient à la seconde catégorie… en partie, du moins, car son programme le plus lucratif, l’algorithme de son moteur de recherche, est lui totalement opaque et le restera probablement très longtemps.
Pour le reste, la firme de Mountain View a déjà offert au monde une belle poignée de célèbres programmes open source, dont Android (si, si), le système d’exploitation mobile le plus utilisé dans le monde, Chromium, la base libre du navigateur Chrome, ou TensorFlow, l’algorithme d’intelligence artificielle auquel Google s’amuse à faire faire tout et n’importe quoi. Mais au-delà de ces succès techniques qui ont su franchir les frontières de la presse spécialisée pour se démocratiser et faire partie du vocabulaire grand public, Google a lancé une myriade d’autres projets open source, jusqu’à présent éparpillés sur la Toile et manquant de clarté. Le 29 mars, la firme a remédié à cela en centralisant tous ses projets sur un site, Open Source, à l’adresse opensource.google.com.
Un manifeste et beaucoup de documentation
Une rapide visite de la page permet donc aux développeurs amateurs et professionnels de découvrir non seulement les célèbres applications vues plus haut mais bien d’autres outils, comme Polymer, Flutter ou Angular, des bibliothèques Web, des frameworks pour mobile ou des kits de développement d’applications en tous genres, chacun possédant sa fiche indiquant sa licence, sa fonction, son objectif, le langage utilisé, les applications qui utilisent le code et le lien direct vers le dépôt de celui – le plus souvent vers GitHub ou sur l’hébergeur propre à Google. Intuitif, exhaustif et plutôt bien foutu, le site fonctionne comme un véritable annuaire.
Mais outre la simple (et louable) entreprise de catalogage de l’entreprise, celle-ci fournit également une tonne de documentation sur sa façon de gérer les projets open source, de leur conception en interne à leur mise à disposition, en passant par l’intégration de projets tiers et la gestion des contributions (notamment au niveau des corrections apportées aux produits, ou patches). Une sorte de manifeste – “nous savons que notre approche particulière de l’open source pourrait ne pas être pour tout le monde”, écrit Google sur le post de blog qui accompagne le lancement du site – accompagné d’un manuel d’utilisation (même si la firme s’en défend) pour les autres sociétés désireuses de faire comme Google, le magnanime conglomérat multimilliardaire dont la royale mansuétude le pousse à “partager les leçons apprises au cours de nombreuses années d’expérience” en open source.
Allez, on critique un peu, mais la preuve de bonne volonté est néanmoins bienvenue alors que d’autres – Apple, Microsoft, c’est vous qu’on regarde – continuent plus ou moins aveuglément de restreindre l’accès à leurs produits. En espérant que l’open source devienne un réflexe dans l’industrie de l’informatique, l’initiative est bienvenue.