Une étude de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) publiée ce jeudi 26 mai estime que près de 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont jetées chaque année dans l’Hexagone, soit l’équivalent de 16 milliards d’euros partis en fumée.
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Un enjeu environnemental, économique, éthique et social
“Finis ton assiette !” Qui n’a pas déjà entendu cette vieille rengaine en faisant, gamin, la fine bouche ou devant son repas. Un reste de purée, un accompagnement de salade, un fond de yaourt, un bout de pain : comme dit l’adage “les petits ruisseaux font les grandes rivières” et c’est ainsi que 30 grammes de nourriture jetés à la poubelle par repas à la maison font 26 kilos par an et par personne. À cela, il faut ajouter ce que l’on laisse de côté à la cantine ou au restaurant, les invendus des distributeurs, la surproduction des agriculteurs et les fruits et légumes “moches” directement partis à la benne… Eh bien, la facture s’allonge, encore et encore.
Seize milliards d’euros de nourriture qui partent à la poubelle quand – rien qu’en France – une personne sur dix a du mal à se nourrir, cela pose évidemment question. Cette quantité de nourriture gâchée serait plus que suffisante pour nourrir 10 millions de personnes pendant un an, alors que “6 millions de Français ne peuvent pas se nourrir correctement, en quantité et en qualité“, rappelle Antoine Vernier, chargé de mission gaspillage alimentaire à l’Ademe interrogée par le quotidien 20 Minutes, qui dévoile cette enquête en exclusivité.
Ce gaspillage alimentaire qui est aussi un gâchis au niveau des ressources naturelles, notamment de l’eau : une baguette de pain nécessite par exemple 200 litres d’eau pour être produite et un kilo de viande rouge en requiert 16 000 litres ! Derrière un aliment qui part à la poubelle, il y a donc des ressources précieuses pour la planète. Rien qu’en France, ce gaspillage représente 15,55 millions de tonnes de CO2 rejetés dans l’atmosphère, pour rien…
Des gestes simples
L’Ademe est claire sur le fait que la réduction du gaspillage alimentaire est un défi collectif qui concerne absolument tous les acteurs : des producteurs aux consommateurs, en passant par les distributeurs. Ce qui est un bonne nouvelle, dans un sens, puisque cela signifie que nous avons le pouvoir d’agir individuellement.
L’objectif fixé par les pouvoirs publics est de réduire de 50 % le gaspillage sur l’ensemble de la chaîne alimentaire d’ici 2025. Dans ce but, l’Ademe lance aujourd’hui la campagne “Ça suffit le gâchis” afin de sensibiliser les consommateurs et de les inciter à acheter des plus quantités plus petites, à faire un autre usage des restes ou à être vigilants lors des courses pour ne pas acheter en doublon un produit déjà en train de se périmer dans le frigo.
Les solutions sont multiples et les résultats encourageants. L’Ademe qui a suivi 20 foyers témoins en 2014 a réussi, grâce à des gestes simples, à réduire leur gaspillage de moitié. Le plus gros du travail reste donc de faire évoluer les mentalité et d’avoir le réflexe anti-gaspi, ce qui ne va pas toujours de soi dans une société d’hyperconsommation :
“Nous sommes dans un modèle économique qui n’hésite pas à surproduire et jeter car cela ne coûte pas cher […] Pour le consommateur, il serait plus intéressant d’acheter moins pour jeter moins, mais aussi pour consommer des produits de meilleure qualité”, déplore Pierre Galio, chef du service consommation et prévention de l’Ademe, interrogé par 20 Minutes.
À chacun d’entre nous de faire sa part, et ça commence maintenant!