Pour comprendre le processus qui a entraîné la reconnaissance du viol en tant que crime en France, rendez-vous sur France 3 le 19 septembre prochain. Au programme, un retour avec une fiction, un débat et un documentaire sur le “procès du viol”, qui a permis de changer la législation.
À voir aussi sur Konbini
Savez-vous que le viol n’est considéré comme un crime par le droit français que depuis décembre 1980 ? Jusque-là un simple délit, il est désormais défini comme “tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise”, et est puni de quinze ans de réclusion criminelle au maximum. Un changement de législation dans lequel le “procès du viol”, également appelé “procès d’Aix-en-Provence”, a joué un rôle majeur.
Le viol enfin reconnu comme un crime
Le 21 août 1974, Araceli Castellano et Anne Tonglet, deux femmes de 19 et 24 ans en couple, sont violemment agressées et violées par trois hommes pendant plusieurs heures, alors qu’elles faisaient du camping sauvage dans les calanques de Marseille. Lors de leur arrestation, ces derniers nient, affirmant qu’elles étaient consentantes, et ne sont inculpés que de coups et blessures. Araceli Castellano tombera par ailleurs enceinte à la suite de ce viol, alors que l’avortement n’est légal ni en France, ni en Belgique.
En 1978, quatre ans après les faits, les avocates des victimes, Anne-Marie Krywin, Marie-Thérèse Cuvelier et Gisèle Halimi, obtiennent finalement le renvoi de l’affaire devant une cour d’assises, alors que les procès pour viol relevaient jusque-là de la correctionnelle. Un procès médiatique très éprouvant a suivi pendant lequel, selon des journalistes qui y ont assisté, “le seuil de l’insupportable avait été franchi”.
Mais celui-ci a également encouragé de nombreuses femmes à mettre des mots sur leur viol et à dénoncer publiquement les violences qu’elles subissaient au quotidien. Les prévenus, défendus par le jeune Gilbert Collard, ont finalement été condamnés à des peines de prison : six ans pour l’un, et quatre ans pour les deux autres – une première en France. Le viol était enfin reconnu comme un crime.
Une soirée spéciale sur le thème du viol et sa difficile reconnaissance
En plus d’être le procès du viol de ces deux jeunes femmes, il s’agissait également du “procès d’une société machiste et misogyne”, selon Anne Holmes, directrice de la fiction de France 3. Mardi 19 septembre, la chaîne reviendra sur cet épisode charnière de l’évolution des droits des femmes en France au cours d’une soirée spéciale. Pour mettre en lumière un accomplissement historique, mais aussi pour montrer tout ce qu’il reste à faire. Parce qu’en ce qui concerne le viol, comme le rapporte Anne Holmes, “en 2017, la reconnaissance est toujours un combat” : chaque année, “84 000 femmes en sont victimes et seulement une sur dix porte plainte”.
Cette soirée commencera, à 20 h 55, par une “fiction-événement” d’Alain Tasma, intitulée Le Viol. Elle retracera le parcours éprouvant des deux femmes et les conclusions du procès historique. La fiction sera suivie d’un débat à 22 h 25, “Le viol, un crime sous silence”. Animé par Carole Gaessler, il se déroulera en présence d’Anne Tonglet et d’Araceli Castellano, de la sociologue Véronique Le Goaziou et de la directrice du Collectif féministe contre le viol, Emmanuelle Piet. Le lieutenant-colonel de gendarmerie Karine Lejeune et un juge seront également présents, ce dernier venant parler des difficultés des magistrats dans les affaires de viol. Précisons par ailleurs que les victimes doivent prouver l’absence de consentement, et que seul un violeur sur cent est ainsi condamné. La soirée se conclura par la diffusion du documentaire Le Procès du viol, de Jean-Yves Le Naour et Cédric Condon, à 0 h 15.
Avec cette soirée, France 3 déclare s’engager pour “contribuer à sensibiliser et à aiguiser les consciences”, avançant une mission inhérente au service public. Une démarche que l’on ne peut que saluer : rendez-vous donc sur France 3 à 20 h 55 ce mardi 19 septembre.