Une moitié des sondés se dit favorable à la légalisation du cannabis pour les majeurs et une grande majorité estime la législation en vigueur inefficace.
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Malgré sa répression intransigeante, la France est le pays d’Europe où l’on fume le plus de cannabis, notamment chez les jeunes. Des voix s’élèvent régulièrement pour remettre en cause l’inefficacité de la politique d’interdiction totale en vigueur actuellement, mais peinent à se faire entendre. Or d’après les résultats d’un sondage mené par l’institut Ipsos, la question mérite d’être soulevée pour l’opinion.
Ce sondage a été mené auprès de 1 097 personnes à la demande de l’association SOS addictions, du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Liepp) de Sciences Po. Premier camouflet pour les pouvoirs publics : 84 % des personnes interrogées jugent la législation actuelle “inefficace” pour limiter le trafic et la consommation de cannabis.
Aussi, 50 % des sondés se déclarent favorables à une autorisation de consommation de la marijuana pour les personnes majeures, contre 49 % qui y sont hostiles et 1 % qui ne se prononcent pas. Sur la question de la légalisation, on note que le cannabis clive encore les générations : les plus de 60 ans y sont plutôt réticents (64 %), alors que le reste du panel se dit favorable (54 %)… Un signe qu’il faut interpréter comme une évolution de l’opinion.
Un enjeu pour l’Élysée ?
Aussi, ils sont 52 % à juger que la vente de cannabis sous le contrôle de l’État “serait plus efficace que l’interdiction pour lutter contre le trafic”, face à 47 % qui estiment le contraire. En tout cas, 52 % des sondés souhaitent voir cette question abordée en amont de la prochaine élection présidentielle – un message que les politiques, d’ordinaire frileux à aborder la question du pétard, devraient entendre.
“La légalisation est un chantier à ouvrir […]. Les Français attendent un débat”, déclare au Parisien Didier Jayle, ex-directeur, de 2002 à 2007, de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt, devenue Mildeca). Pour Esther Benbassa, sénatrice EELV du Val-de-Marne, “c’est une avancée dans le sens de la légalisation”. À bon entendeur.