Fouettée pour une minijupe, cette styliste iranienne a créé sa propre marque de maillots de bain

Fouettée pour une minijupe, cette styliste iranienne a créé sa propre marque de maillots de bain

Après avoir été persécutée par le régime de Téhéran pour un choix de vêtement, la styliste iranienne Tala Raassi a fui son pays pour fonder sa propre marque de maillots de bain aux États-Unis.

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Tala Raassi a passé son enfance et son adolescence sous le joug des régulations extrêmes imposées aux femmes iraniennes par le régime des mollahs. Obligée d’être couverte de la tête au pied, elle ne pouvait porter ses fringues préférées que dans l’intimité de sa maison.

Alors qu’elle fêtait ses 16 ans chez une amie, les forces de l’ordre sont intervenues. Tala Raassi et 30 de ses amies ont été arrêtées et emprisonnées durant cinq jours. Elles ont toutes reçu 40 coups de fouet, au motif qu’elles portaient des minijupes.

Quelques années plus tard, Tala Raassi est partie vivre aux États-Unis,  pour lancer sa marque de maillots de bain, et a écrit un livre pour raconter son histoire. Konbini l’a interviewée.

Konbini | Comment es-tu entrée dans le monde de la mode ? Quelle a été ton inspiration pour votre marque de maillots de bain ?

Tala Raassi | J’ai toujours aimé la mode. J’ai grandi dans une famille d’entrepreneurs, de créatifs. Quand j’étais petite, je regardais ma mère faire toutes sortes de choses.

Mais en grandissant en Iran, je n’aurais jamais pensé que devenir styliste était une option. Il n’y avait pas de boutiques de mode à l’époque. Les femmes étaient couvertes de la tête au pied, et ma famille et mes amis m’encourageaient à choisir une voie traditionnelle.

Quand j’ai déménagé aux États-Unis, j’ai été inspirée de commencer une ligne de vêtements pour que les femmes se sentent libres et qu’elles célèbrent leur beauté.

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Dans ton livre, tu dis que la mode est la liberté. Que veux-tu dire par là ? 

La mode ne se base pas uniquement sur le fait de porter peu ou beaucoup de vêtements, mais sur le fait d’avoir le choix. Mon livre, Fashion is Freedom, évoque mon histoire en tant que femme dans la République islamique d’Iran.

Quand j’étais adolescente, j’ai été condamnée à 40 coups de fouet pour avoir porté une minijupe lors d’une fête organisée dans une propriété privée. Je pense que les gens devraient avoir le droit de choisir les vêtements qu’ils veulent porter sans avoir peur des représailles, des jugements ou de la prison.

Il en est de même pour les femmes qui veulent porter un burkini en France, elles devraient aussi avoir la liberté de faire ce qu’elles veulent.

Comment penses-tu que la mode s’accorde avec les différentes cultures et ethnicités ?

Je pense que la mode est un choix personnel. Je suis une femme musulmane qui choisi de créer des maillots de bain. Ça ne veut pas dire que ma foi n’est pas sincère ou que je rejette ma culture. La mode est internationale et nous nous influençons tous les uns les autres.

Cela rend les gens plus créatif et modifie la façon dont ils se présentent au monde extérieur. Particulièrement au Moyen-Orient. Les femmes qui se lancent dans l’industrie de la mode prennent des risques. Elles offrent une vision différente de la mode. Il ne s’agit pas seulement de se faire jolie, mais aussi d’envoyer un message qui a du sens.

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Comment décrirais tu le style des femmes iraniennes ? 

Très chic, très élégant. Les femmes iraniennes savent s’habiller et elles font beaucoup d’efforts pour s’apprêter. Même avec toutes les restrictions qui pèsent sur elles. Elles savent comment choisir et accessoiriser le voile pour le mettre en valeur.

Je pense que nous devons soutenir ces femmes en parlant des privations de liberté qu’elles subissent. Pas seulement en Iran. Nous devons aussi les inspirer en étant la meilleure version de nous-mêmes.

Quel est le lien entre ta marque et ton livre ? 

Mes maillots de bain sont le symbole de ma liberté acquise, et je raconte comment j’en suis arrivée là dans ma biographie, comment je suis passé d’un monde à un autre, totalement différent. Il parle de réaliser ses rêves, de rendre l’impossible possible. Si je peux devenir créatrice de maillot de bain en ayant grandi dans un pays où je n’avais pas le droit d’en porter, alors tout est possible. Je veux juste que les gens reçoivent ce message, à travers les créations, qu’ils se sentent capables de tout.

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Traduit de l’anglais par Sophie Janinet