En Chine, l’armée jouit d’une aura particulière et les femmes soldats en sont les émissaires de charme. Star de la pop patriotique ou jolie recrue en uniforme, ces femmes font la fierté de la nation et confèrent à l’armée un attrait pop irrésistible.
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Générale de l’armée et pop star
La femme du président Xi Jinping était déjà une star avant que son mari soit élu à la tête du Parti communiste chinois (PCC ). Peng Liyuan, également surnommée “la fée pivoine”, cumule en effet les rôles de première dame de Chine, général de l’armée et… star de la pop patriotique ! Pimpante, élégante et anglophone, elle serait en fait plus appréciée que son austère mari…
Les média français l’ont comparée à Carla Bruni à cause de sa carrière de chanteuse et son parcours de personnalité publique. Peng Liyuan s’est en effet forgée une solide réputation en plus de 20 ans de présence scénique, notamment au gala du Nouvel An (l’évènement le plus regardé à la télévision en Chine), mais côté musique, son style n’a rien à voir avec les ballades folk de la Française. Les tubes (ultrakitsch) de Peng Liyuan s’intitulent “Les Gens de notre village”, “Éloge du drapeau” ou “Sur les plaines de l’espoir” et sont autant d’odes dédiées à la gloire du pays et du parti.
Malheureusement pour ses fans (en grande majorité des quinqua chinois), Peng a dû mettre un terme à sa carrière de chanteuse pour ne pas porter ombrage à celle de son mari.
Une armée où l’on chante et on danse !
Si Peng Liyuan est la “tête de gondole” de l’Armée populaire de libération (APL), la fonction des femmes au sein de cette dernière est généralement plus discrète. Les soldates chinoises représentent 7,5 % des 2,3 millions de soldats, mais en pratique, elles restent majoritairement assignées à des emplois de bureau ou de santé. Rien à voir avec l’armée américaine qui vient d’intégrer la première commandante de combat sur le terrain ou le cas particulier d’Israël, pays dans lequel les femmes peuvent servir dans l’infanterie légère, l’artillerie et les unités de garde-frontières.
La place que le chant et la danse occupent dans le curriculum des recrues féminines est un phénomène propre à la Chine. Seraient-ce l’héritage des ballets révolutionnaires et le résultat de plus de soixante-dix ans de propagande mélangé à la culture populaire qui ont conféré un tel rayonnement à l’armée dans l’entertainment national ? Sans doute, car sinon, comment expliquer qu’en 2017, les plateaux télé regorgent encore de chanteuses en uniforme ?
De Mulan à Jiang Qing, le fantasme de la guerrière chinoise
Il faut dire que l’esthétique de la guerrière remonte à loin en Chine. Depuis les temps impériaux jusqu’à la Chine communiste, le pays s’est constitué une longue liste d’héroïnes soldats, martyres, et autre mères-courage. La plupart d’entre elles, font partie intégrante de la culture populaire. Tous les Chinois connaissent Hua Mulan (rendue célèbre en Occident grâce au dessin animé de Walt Disney) : cette jeune fille qui se déguise en homme pour prendre la place de son vieux père et va combattre les barbares Ruanruan à sa place.
La révolutionnaire Qiu Jin (1875-1907) s’habillait elle aussi en homme et maniait le sabre. Et puis il y a toutes les héroïnes communistes comme Liu Hulan qui, à la tête d’un groupe féminin, a risqué sa vie pour apporter eau et nourriture aux soldats et soigner les blessés.
L’esthétique de la femme soldat atteint son apogée dans les années 1960 avec les opéras révolutionnaires mis en scène par la femme de Mao Zedong, Jiang Qing, dont le plus célèbre demeure Le Détachement féminin rouge.
Défilé militaire, le catwalk de la nation
Dans ce contexte unique où l’armée fait partie du paysage “pop” et où chaque parade militaire est un show suivi par des millions de spectateurs, il n’est pas étonnant que les candidates au défilé soient aussi bien évaluées en fonction de leur endurance au parcours du combattant que de leurs attributs physiques et leur voix mélodieuse.
À l’occasion du défilé organisé à Pékin, place Tian’anmen, en 2009 pour célébrer les 60 ans de la République populaire de Chine, on avait pu admirer les résultats de ce minutieux casting. Des femmes de l’armée de terre, de l’air, de la marine, des forces spéciales et autres divisions ont défilé entre les tanks et les avions de guerre sous le portrait de Mao, l’air fier, corsetées dans des uniformes allant du vert kaki au rose fuchsia, arborant un beau 1,70 mètre et des silhouettes de James Bond Girls.
Au final, tout le monde se souvient mieux du galbe des jambes des femmes soldats que du nouvel équipement militaire de l’APL. Après ce défilé, l’armée a enregistré un taux record d’engagements, preuve que l’esthétique militaire résonne encore très fort en Chine.
En 2015, c’est carrément des mannequins qui sont engagés pour remplir les rangs de la garde d’honneur féminine du défilé organisé pour commémorer la victoire de la Chine pendant la Seconde Guerre mondiale (c’est-à-dire de la guerre de résistance contre l’envahisseur japonais). Cette dernière mesure un peu racoleuse a sensiblement irrité les internautes chinois qui n’ont pas manqué de souligner qu’un défilé militaire n’était pas un concours de beauté. Néanmoins, toutes ces manigances dignes d’un talent show montrent bien que le pays fait tout pour donner une image attirante et moderne de l’armée. On attend le prochain défilé avec impatience pour apprécier les nouvelles recrues.