Avec une hausse des recherches de ce terme de 70 % en 2017, le mot de l’année est “féminisme” pour le dictionnaire Merriam-Webster.
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Début décembre, Time décernait son titre de “personnalité de l’année” à toutes celles et ceux qui ont osé briser le silence et dénoncer le harcèlement et les violences sexuelles. Edward Felsenthal, rédacteur en chef du magazine américain, considérait que “nous sommes au milieu du début de cette révolte” contre les violences faites aux femmes, et récompensait ces personnes ayant “initié une révolution de refus, rassemblant leurs forces jour après jour”.
Le choix du mot de l’année par le dictionnaire américain de référence Merriam-Webster découle du même constat : le terme “féminisme” a été élu parce que “2017 a vu une hausse soutenue des recherches sur le féminisme, ainsi qu’un certain nombre de pics notables”, explique l’équipe derrière l’ouvrage.
2017 saw both a sustained rise in 'feminism' lookups and a number of event-driven spikes.
— Merriam-Webster (@MerriamWebster) 12 décembre 2017
'Feminism' is our #WordOfTheYear. https://t.co/CrEhuZe7HB
Après avoir passé plusieurs années dans le top 10 du classement − et été notamment battu par le terme “surréel” l’année dernière −, “féminisme” a enfin atteint la tête du classement. Et pour cause : l’éditeur Peter Sokolowski a indiqué que “les recherches liées au sens du mot ‘féminisme’ ont augmenté de 70 % en 2017”.
Le terme a notamment connu plusieurs pics de recherche pendant l’année, correspondant à des mouvements de société majeurs : cela a été le cas après la Women’s March de janvier à Washington − et celles qui ont suivi ailleurs dans le monde −, ou après l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo, qui ont interrogé sur le sens du terme et ses différentes interprétations.
La série The Handmaid’s Tale et le film Wonder Woman ont également suscité une hausse des recherches sur le féminisme, que le dictionnaire définit désormais comme “la théorie de l’égalité politique, économique et sociale entre les sexes” et “l’activité organisée pour les droits et les intérêts des femmes”.
Le mot et l’idée
La définition a bien évolué depuis la première apparition du terme dans le dictionnaire anglais de Noah Webster en 1841, où il désignait “les qualités des femmes”. L’équipe du Merriam-Webster a d’ailleurs insisté sur les liens entre le sens des mots et nos représentations mentales et sociétales, qui font écho aux débats actuels sur l’écriture inclusive :
“Quand un mot est recherché tant de fois, et qu’il se distingue aussi en étant associé à autant d’histoires importantes, nous pouvons apprendre quelque chose sur nous à travers l’angle du vocabulaire. Une conversation nationale continue de se tenir, et le Merriam-Webster est assis au premier rang.”
Autre preuve de cette conversation nationale autour des violences faites aux femmes, Women In The World rapporte que “complice”, qui arrive en deuxième position, est le mot de l’année selon le concurrent Dictionary.com.
Ce terme a en effet connu un pic de recherche après qu’Ivanka Trump a déclaré en avril dernier qu’elle ne savait pas “ce que cela signifie être complice”, à la suite d’un sketch du Saturday Night Live qui dénonçait son inaction quant à la politique sexiste de son père. L’équipe de Dictionary.com a également noté que le refus d’être complice a été “une force terrassante de 2017″, notamment avec l’affaire Weinstein et ce qui en a découlé.