Fallait demander, la BD online qui dénonce le problème du partage des tâches entre hommes et femmes

Fallait demander, la BD online qui dénonce le problème du partage des tâches entre hommes et femmes

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@https://www.facebook.com/EmmaFnc/photos/a.441158706220346.1073741855.237466759922876/441158909553659/?type=3&theater

La BD Fallait demander cartonne depuis deux jours sur Facebook, car elle aborde un sujet qui parle à beaucoup. La dessinatrice Emma y traite avec justesse et efficacité du problème de la répartition des tâches entre hommes et femmes.

Il y a deux jours, la dessinatrice blogueuse Emma a publié sur Facebook une BD qui a obtenu un succès immédiat. Son sujet : le problème du partage des tâches entre les hommes et les femmes, et l’épuisante charge mentale qui pèse sur elles. Très claire et pédagogue, elle montre en 40 dessins une situation que de très nombreuses femmes connaissent comme en témoigne le nombre de partages, plus de 45 000, et de commentaires, plus de 8 000.
Emma commence par une situation classique : une amie débordée qui craque et à qui son compagnon dit qu’elle aurait dû “demander” de l’aide. C’est le cœur du problème : pour cet homme comme pour beaucoup d’autres, c’est la femme qui est responsable et dirige tout. Elle se trouve dès lors chargée d’un travail à temps plein, intellectuel comme pratique.

On appelle ça la charge mentale, “le fait de toujours devoir y penser”. Et cela pèse lourd sur les femmes.

Emma révèle comment cela s’articule au quotidien : quand elle voit tout ce qu’il y a à faire, et se retrouve très vite embourbée dans toutes les tâches domestiques qui s’enchaînent, elle constate que de nombreux hommes vont avoir tendance à n’accomplir que la mission demandée par leur compagne. Pour le reste, ils ne se sentent pas concernés et évitent au maximum tout travail supplémentaire.

Il n’y a pourtant pas là quelque chose d’“inné”. Cela vient selon la dessinatrice de l’éducation sexiste dans laquelle baignent hommes et femmes. On leur donne des jouets les préparant à ces rôles différents, on les élève dans des familles avec ce schéma d’une mère responsable du foyer et d’un père qui serait un simple exécutant. Cela va jusqu’aux films que l’on regarde.

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Inverser les rôles, et changer d’éducation

La société organise également la famille de cette façon : le père ne dispose que d’un congé paternité de 11 jours. Dans les couples hétérosexuels, c’est donc inévitablement la mère qui s’occupe le plus de l’enfant à sa naissance et apprend à tout gérer. La reprise du travail entraîne pour la mère un “rythme infernal”, dans lequel il est plus facile de continuer à tout faire que “batailler avec [son] partenaire” pour qu’il fasse sa part.

Pour Emma, les solutions sont pourtant très accessibles : que les hommes “apprennent à se sentir responsables de leur foyer” et “revendiquent le droit d’être auprès de leur famille dans les premiers mois de leur enfant” – soit un vrai congé parental – que seules les féministes réclament pour le moment. Les femmes peuvent également lâcher du lest, s’absenter, inverser les rôles… Enfin, les choses pourront changer en éduquant différemment les enfants.

Des progrès bien lents

Si le constat de l’inégalité de la répartition des tâches domestiques entre hommes et femmes n’est pas nouveau, l’écart peine à se resserrer : L’Observatoire des inégalités constatait il y a un an que “les femmes passent deux fois plus de temps que les hommes à faire le ménage et à s’occuper des enfants à la maison” :

“En onze ans, le temps moyen journalier consacré par les femmes au travail domestique a baissé de 22 minutes, passant de 3 heures et 48 minutes en 1999 à 3 heures et 26 minutes en 2010, celui des hommes a augmenté d’une minute, de 1 heure et 59 minutes à deux heures. Les progrès sont donc bien lents. Au rythme actuel, il faudrait des décennies pour arriver à l’équilibre en termes de partage des tâches domestiques entre hommes et femmes au sein du couple.”

Ce déséquilibre a des conséquences sur la vie professionnelle des femmes, expliquant en partie “l’essor du temps partiel féminin”, mais aussi le peu de représentation des femmes en politique par exemple. Sans même parler de leur temps libre, qui se retrouve également fortement grignoté. Il y a donc encore du travail à effectuer en matière de parité, et cela ne pourra pas se faire sans les hommes. Emma a expliqué à BuzzFeed News que c’était aussi dans ce but qu’elle avait pensé sa BD :

“J’ai fait cette BD dans l’espoir que les hommes la lisent et prennent leurs responsabilités. Le sujet peut paraître anodin parce qu’il s’agit de ramasser du linge mais, en fait, c’est épuisant, et c’est politique.”