Oui. Enfin non, pas pour tout le monde. Et pas pour les raisons que l’on croit.
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Après la tempête, encore la tempête. Depuis l’affaire Cambridge Analytica, les questions fusent sur le modèle économique de Facebook reposant sur le “targeting” massif de ses utilisateurs destiné à produire des publicités redoutablement aiguisées.
Au milieu de cet examen de conscience collectif, un Néo-Zélandais s’est fait remarquer en accomplissant une chose toute bête : demander à Facebook une archive de ses données personnelles. Il suffit d’aller dans les “Paramètres”, de cliquer sur “Télécharger une copie de vos données Facebook” puis sur “Télécharger l’archive”. Le fichier sera généré en quelques minutes et vous obtiendrez un gros fichier ZIP (le mien pèse 85 Mo et contient 1 183 fichiers).
Et donc voici le tweet qui a donné l’alerte :
Downloaded my facebook data as a ZIP file
— Dylan McKay (@dylanmckaynz) 21 mars 2018
Somehow it has my entire call history with my partner's mum pic.twitter.com/CIRUguf4vD
Je viens de télécharger mes données Facebook sous forme de fichier ZIP. Ne me demandez pas pourquoi, il contient tout l’historique des appels avec le partenaire de ma mère.
Effectivement, le screenshot montre que l’appli Facebook a récupéré des métadonnées sur le téléphone de l’utilisateur tirées de l’historique de ses appels et des messages envoyés. Doit-on en conclure que tous les utilisateurs sont logés à la même enseigne ?
Le 25 mars, Facebook a apporté des bribes de justifications sur son blog. On y apprend quatre choses : D’abord que cette transmission de données ne concerne que les personnes utilisant les applis post-2015 Messenger ou Facebook Lite sur Android, et ayant accepté, à l’installation, le partage de ces données. Qu’il est ensuite possible de supprimer ce partage à tout moment (voir ici et là). Que ces données récoltées sont utilisées pour nous mettre en contact avec des amis potentiels et qu’enfin, elles ne sont jamais partagées ni revendues, ni aux publicitaires ni à personne.
Pour le magazine ArsTechnica, la réponse de Facebook est floue à bien des égards. Des utilisateurs dont les métadonnées ont fuité assurent ne pas avoir autorisé le partage. Par ailleurs, la demande de purge de données semble ne pas être automatique et à l’installation, les requêtes d’accès de Facebook Lite et Messenger à ces métadonnées ne sont toujours pas très claires pour l’utilisateur.
Pourquoi diable Facebook archive-t-il l’historique des messages et des appels s’il ne s’agit que d’améliorer les mises en contact ? Il semblerait que l’entreprise ait un peu abusé de la structure très permissive des versions d’Android avant 2017 qui permettaient une récolte de données extensive avec des autorisations pourtant limitées au départ.
Notons qu’Apple, sans avoir levé le petit doigt, marque un point : aucun partage de métadonnées n’était possible sur iOS (comme quoi, le blocage maniaque peut avoir du bon). À l’avenir, Facebook va devoir mener une intense politique de transparence pour faire face aux critiques omniprésentes. Enfin, pour ceux qui ne voudraient pas voir leurs métadonnées partagées, c’est par ici les explications.