En Tanzanie, 700 femmes tuées pour des accusations de sorcellerie

En Tanzanie, 700 femmes tuées pour des accusations de sorcellerie

L’AFP a récemment publié les témoignages de survivantes de la chasse aux sorcières en Tanzanie. Avec plus de 700 cas recensés en 2013, le problème gangrène le pays.
Les images de l’AFP, relayées par Le Monde, parlent d’elles-mêmes. On y voit la famille des prétendues sorcières mais aussi une devin revendiquée, un représentant d’ONG ainsi qu’une femme mutilée. Ils s’expriment sur la chasse aux sorcières qui sévit encore sur ses terres tanzaniennes. En un an, le pays africain a perdu 700 femmes, pour la plupart âgées, exécutées suite à des accusations de sorcellerie. Les survivantes gardent les stigmates psychologiques ou physiques des attaques à vie. Certaines racontent l’enfer de cette poursuite incessante.
La première protagoniste est Sufia, dont la mère a été assassinée après avoir été accusée d’avoir ensorcelé une hyène afin qu’elle tue un enfant. Elle raconte avec émotion la manière dont les meurtres de sorcières sont perpétrés en Tanzanie. Sa mère ainsi que ses complices de sorcellerie présumées sont mutilées et brûlées vives, leurs maisons, détruites.
Une autre femme, défigurée par la violence de l’agression qu’elle a subie, dévoile par son visage meurtrie la violence de ceux qui se réclament chasseurs de sorcières. Et autant dire qu’ils semblent nombreux à partager cette aversion pour celles qu’ils soupçonnent de pratiquer la magie noire.

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Des superstitions persistantes

La population de la Tanzanie, dont les religions majoritaires sont l’islam (35%) et le christianisme (30%), croit dans sa grande majorité en la magie. En effet, 93% des habitants n’a aucun doute sur l’existence des forces obscures. Celles qui l’incarnent, à en croire le ciblage des meurtres, ce sont de vieilles dames, souvent vulnérables.
Les Organisations Non-Gouvernementales, très préoccupées par la question, avancent des mobiles qui vont au delà de la croyance. Les motivations financières seraient majoritaires selon elles. Il est très facile pour les meurtriers de s’emparer des biens de leurs victimes après de telles accusations. D’autant plus que le gouvernement semble être aux abonnés absents quand vient l’heure de sanctionner de tels agissements.
Le gouvernement tanzanien a pourtant réagi aux multiples assassinats de personnes albinos, que des soi-disants guérisseurs recherchent activement pour leurs organes. Il promet ainsi de sanctionner les prétendus devins, guérisseurs et autres personnes impliquées dans la macabre entreprise. Pour autant, au sujet de la chasse aux sorcières, c’est toujours le silence radio.
Les agresseurs restent impunis et les accusations de sorcellerie continuent de déchirer les populations. Mais si le problème est désormais mis à jour par les ONG dont le relai se fait porte-voix de ces victimes tanzaniennes, d’autres pays continuent toujours à perpétrer des attaques similaires.

La chasse aux sorcières toujours répandue

Au Kenya, plusieurs meurtres de sorcières présumées ont été recensés ces dernières années. Malgré le fait qu’aucune loi n’autorise ces pratiques, le poids des traditions et des croyances pèse encore beaucoup sur un continent où les pratiques et rites occultes sont encore répandues. Mais l’Afrique n’est pas le seul continent où les superstitions donnent lieu à ces traques mortifères.
Encore en 2013, les Papous ont exécuté deux présumées sorcières dans une violence inouïe. En Papouasie-Nouvelle Guinée, la sorcellerie est encore aux cœur des superstitions les plus populaires. C’est ainsi que deux femmes, dont certains ont supposé l’implication magique dans le meurtre d’un instituteur, ont été décapitées de manière barbare sans même que les policiers ne puissent intervenir.
La sorcellerie, bien qu’oubliée sur les continents occidentaux, continue de susciter craintes et violences. De simples soupçons tuent encore de nombreuses femmes.