L’université américaine de Harvard dévoile les résultats d’une étude menée sur plus de soixante-quinze ans, prodiguant la recette pour trouver le chemin du bonheur.
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Les États-Unis ayant cette particularité d’avoir inscrit “la recherche du bonheur” dans leur Constitution, rien de plus normal que l’université de Harvard ait mené une étude dès les années 1930 sur la clé du bonheur. Scoop : ni la célébrité ni la richesse ne feront de vous quelqu’un d’heureux à long terme. D’après les résultats d’une enquête au long cours relayée par le New York Times, la recette est bien plus terre-à-terre : la force de vos relations avec vos amis, votre famille et l’être aimé vous donneront les meilleures armes pour vous accomplir.
Cette étude du Harvard Study of Adult Development a été inaugurée à Boston en 1938 auprès de 700 hommes issus de deux communautés bien différentes. Pour commencer ils ne sont pas allés bien loin puisqu’ils ont décidé d’étudier un groupe d’étudiants de leur campus, tentant de déterminer quels facteurs ont joué un rôle important dans leur croissance et leur quête de succès.
Pourquoi des étudiants de la prestigieuse université de Harvard ? Précisément “parce qu’on plaçait trop l’accent sur la pathologie à l’époque, et on a considéré qu’il serait plus intéressant d’étudier de jeunes gens qui commençaient sur de bonnes bases leur phase de développement vers l’âge adulte”, explique le docteur Robert Waldinger, quatrième directeur de l’étude, qui présentait en novembre dernier les résultats de ces recherches dans un TED Talk. D’autre part, l’étude s’est focalisée sur les destins d’un second groupe d’hommes issus, eux, des quartiers les plus pauvres de Boston.
Ces deux échantillons de la société, l’un favorisé, l’autre plus démuni, ont été fusionnés dans la même étude. Les années passant, les scientifiques ont pu suivre leur vie, les uns devenant avocats, docteurs, businessmen et même, dans l’un des cas, Président des États-Unis (un certain John F. Kennedy ayant participé à l’enquête). D’autres ont eu moins de chances, sombrant dans l’alcoolisme, ruinant leurs carrières ou plongeant dans la dépression. Aujourd’hui, ceux qui vivent encore sont nonagénaires.
Quelles découvertes majeures ?
Vous ne serez pas surpris d’apprendre que le premier facteur pour vieillir en ayant la meilleure santé physique possible est de ne pas fumer. L’étude montre également que l’alcool est non seulement la première cause de divorce, mais aussi le premier pas vers la dépression. Le docteur Waldinger a élargi ces travaux aux conjointes et enfants de ces hommes et a découvert, avec son équipe, que pour vivre vieux, heureux et en bonne santé, les relations sociales avec les proches étaient l’un des facteurs clés.
Les couples les plus forts semblent protégées contre les maladies physiques et mentales et ralentissent le déclin de leur mémoire. De même, ceux qui ont réussi à remplacer les relations sociales qu’ils avaient au travail avec de nouveaux amis après la retraite vivent plus heureux et en meilleure santé.
Aussi, le docteur souligne la notion de communauté et de famille, a contrario d’une accumulation d’amis, d’être solitaire (un comportement “toxique”) ou d’être au milieu d’un conflit relationnel :
“Les personnes qui sont le plus proches de leurs famille, amis ou communauté sont plus heureuses et en meilleure santé […]. Vivre au milieu du conflit est très mauvais pour la santé. Par exemple, les mariages très conflictuels et sans affection s’avèrent être malsains, peut-être même plus que le divorce. Ce n’est pas le niveau de cholestérol qui prédit la manière dont nous allons vieillir, mais la qualité de nos relations”.
Le docteur Waldinger tient néanmoins à nuancer : si cette étude sur trois quarts de siècle montre une corrélation, le lien de causalité n’est pas avéré. On peut tout à fait prendre les résultats dans le sens inverse et envisager que les personnes en bonne santé sont meilleures pour établir des relations sociales saines et les maintenir. Suivant cette logique, à l’inverse, les malades s’isolent davantage et échouent à partager de bonnes relations.
Moins d’écrans, plus d’amour
Alors que faire, docteur ? “Les possibilités sont sans limites, conclut-il, conseillant de remplacer les écrans par plus de temps avec ses semblables, raviver la flamme d’une relation en expérimentant de nouvelles choses, en faisant de longues marches et en continuant à se fixer des rendez-vous amoureux.” Selon Robert Waldinger, il faut aussi savoir mettre son ego de côté :
“Tendez la main à ce membre de votre famille à qui vous n’avez pas parlé depuis des années. Parce que ces querelles de famille bien trop communes prélèvent un coût terrible sur ceux qui gardent des rancunes.”
Finalement pas de grosse surprise dans les résultats de cette étude qui plairait beaucoup à Walt Disney. Pour vivre vieux, heureux et en bonne santé, Konbini vous propose de coupler les enseignements de la science à ceux des Monty Python qui, dans le film Le Sens de la vie, prodiguent les conseils suivants :
“Soyez sympa avec les gens, évitez de manger trop gras, lisez un bon livre une fois de temps en temps, prenez du temps pour aller marcher et efforcez-vous de vivre en paix et en harmonie avec des gens de toutes origines et de toutes croyances.”