À seulement 46 ans, Dewayne Johnson est atteint d’un cancer en phase terminale. Il met en cause la responsabilité du produit Roundup et poursuit son fabricant, Monsanto, en justice.
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Mardi 10 juillet, le juge Vince Chhabria, du district nord de Californie, a pris une décision forte. Chargé d’instruire un procès opposant le géant Monsanto à un citoyen américain, le magistrat a décrété que les plaintes à l’encontre de l’entreprise pouvaient aboutir à une procédure de justice, rapporte Reuters.
Dewayne Johnson a vaporisé du Roundup, l’un des herbicides les plus utilisés au monde, pendant deux ans. Aujourd’hui, le jardinier, âgé de 46 ans et père de trois enfants, est atteint d’un cancer du système lymphatique, en phase terminale. Il a choisi de poursuivre Monsanto, dont il pointe la responsabilité.
Le procès a débuté lundi 9 juillet. L’un de ses avocats, Me David Dickens, ne laisse pas place au débat : “Ce n’est pas la faute à pas de chance. C’est à cause de son exposition continue au Roundup et au Ranger PRO”, assure-t-il, sans détour.
Vince Chhabria a jugé, dans un rapport long de 68 pages, qu’il existait assez de preuves pour que des jurés puissent conclure à un lien entre l’exposition régulière au glyphosate par la vaporisation du Roundup et le développement d’un cancer. Il s’est basé sur des conclusions d’experts, émettant toutefois des réserves sur certains rapports.
En tout, ce sont plus de 400 personnes qui ont déposé plainte auprès du juge Chhabria, rappelle Le Monde, dans le but de prouver qu’il y a une corrélation entre leur utilisation du Roundup et les maladies dont ils sont atteints, et qui pourraient donc placer l’affaire entre les mains d’un jury.
Monsanto persiste à nier en bloc
Comme le rapporte The Guardian, l’avocat Brent Wisner a déclaré : “Monsanto a fait des pieds et des mains pour harceler… et combattre les experts indépendants.” Et d’ajouter : “Ils combattent la science.” Quant à Timothy Litzenburg, un autre de ses défenseurs, il a plaidé pour une décision en faveur de son client, Dewayne Johnson, afin de prouver que “sa vie vaut quelque chose”.
Du côté de Monsanto, on continue à affirmer qu’il “n’y a absolument aucune connexion entre le glyphosate et le cancer”. Et ce, malgré la classification par l’Organisation mondiale de la santé du glyphosate comme “cancérigène probable”, en 2015. Le vice-président de la firme, Scott Partridge, a déclaré :
“Nous éprouvons de la sympathie pour toute personne atteinte de cancer, mais la science a clairement montré que le glyphosate n’en était pas la cause.”
En juin dernier, le groupe Bayer avait racheté Monsanto et annoncé qu’il supprimait le nom de la célèbre firme américaine pour tenter de redorer son blason, sans toutefois retirer du marché les produits décriés, comme le Roundup. Un coup de communication qui risque de ne pas être suffisant face au nombre croissant de personnes tombées malades, qui témoignent de leurs histoires devant les tribunaux.
En 2004, Paul François, un agriculteur français, a inhalé un herbicide produit par Monsanto. L’an dernier, il avait accepté de prendre la parole sur Konbini pour nous expliquer comment cela avait “complètement bouleversé sa vie”. Il nous racontait également le “harcèlement moral permanent”, dont est capable la firme, pour décourager ceux qui s’aventureraient dans des poursuites judiciaires.
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