D’après le rapport d’une ONG spécialisée dans l’observation des mouvements extrémistes, le nombre de groupes proférant des discours de haine a augmenté de 14 % aux États-Unis en 2015.
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Les États-Unis n’en ont pas fini de panser les plaies de l’esclavage, de la ségrégation raciale et des inégalités de son modèle de société. D’après un rapport du Southern Poverty Law Center (SPLC), une association américaine reconnue pour ses travaux de veille sur les mouvements extrémistes, la proportions de groupes politiques aux discours haineux a augmenté de 14 % en un an seulement.
Les mouvements séparatistes libertariens, à l’image de celui des militants armés ayant occupé plus d’un mois durant des locaux fédéraux dans l’État de l’Oregon au début de l’année, ont eux aussi augmenté de 14 %.
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De 784 groupes aux discours haineux en 2014 (telles les différentes incarnations du Ku Klux Klan, par exemple), les États-Unis en compteraient 892 en 2015 d’après le SPLC. Les mouvements séparatistes libertariens, eux, passent de 874 à 998 sur la même période.
Ces groupes sont nombreux et surtout variés : parmi la définition du SPLC sont ainsi regroupés groupements de skinheads locaux, sections locales du parti néonazi américain ou encore associations ultrareligieuses. Reportez-vous sur la carte interactive (ou “Hate map”) très fournie créée par l’association pour mieux les identifier. Attention, ça dénonce.
Mark Potok, rédacteur en chef d’Intelligence Report, la revue du SPLC, explique l’engouement autour de ces mouvements radicaux par les violences subies en Amérique en 2015 :
“Alors que le nombre de groupes extrémistes a augmenté après plusieurs années de déclin, on constate surtout les violences mortelles commise par les extrémistes ville après ville. Que ce soit à Charleston, à San Bernardino ou à Colorado Springs, 2015 était clairement une année marquée par les actions des extrémistes qui ont coûté des vies.”
La faute à une actualité morose ?
Si les États-Unis sont accoutumés aux fusillades, l’année 2015 a été particulièrement préoccupante. D’après le SPLC, c’est ce qui explique le boom de ces groupes prônant haine raciale et/ou religieuse et/ou de l’establishment – surtout après cinq années de déclin qui enrayaient une augmentation régulière entre la fin des années 1990 et les années 2010.
Cette année, les drames ont été particulièrement nombreux et ont résonné dans le monde entier. En juin dernier, un suprémaciste blanc pénétrait dans une église de Charleston (Caroline du Sud) et abattait neuf paroissiens noirs. En décembre, deux islamistes radicaux se réclamant de l’État islamique surgissaient à un pot organisé entre collègues à San Bernardino (Californie) et massacraient 14 personnes. Ce ne sont que deux exemples parmi les plus meurtriers, alors qu’entre le 1er janvier et le 27 août 2015, on comptait déjà 248 fusillades mortelles au pays de John Wayne.
Mais c’est loin d’être la seule cause de ralliement à des groupes extrémistes. D’après le site Fusion, qui reprend le rapport, on peut aussi pointer du doigt les violences policières envers les Noirs, le mouvement Black Lives Matter qui en a été la conséquence, les discours xénophobes de Donald Trump, les débats anxiogènes autour du mariage gay et la peur du terrorisme islamiste.
Plus largement, on peut accuser la campagne présidentielle (et notamment la primaire républicaine) d’avoir souvent cristallisé les débats autour de la diabolisation des migrants, des latinos, des musulmans et d’autres minorités.
Extrémistes blancs vs. extrémistes noirs
Le site d’info note également que les groupes proches du KKK ont “dans une certaine mesure été revitalisés l’année dernière”, le SPLC dénombrant 364 rassemblements pro-drapeau confédéré en 2015 sur le territoire national. Cet emblème du Sud des États-Unis, aujourd’hui considéré avant tout comme un symbole raciste, avait été décroché cette année du siège du gouvernement de Caroline du Sud.
Or les suprémacistes blancs ont également leurs pendants noirs : les groupes “noirs séparatistes”. Oubliez l’image romantique que vous en avez peut-être. Mark Potok, du SPLC, relève :
“Au contraire des activistes et sympathisants du mouvement Black Lives Matter, les groupes noirs séparatistes ont plus d’intérêt à diaboliser les juifs et les Blancs qu’à travailler pour trouver des solutions au problème bien réel du racisme dans ce pays.”
Ces groupes de Noirs extrémistes sont passés de 113 en 2014 à 180 en 2015, soit une augmentation de 58 %. Des nouveaux groupes sont apparus à Baltimore, New York, San Francisco. D’après le rapport, tant que le racisme institutionnel se perpétuera, ces groupes n’auront aucune raison de disparaître.