Selon Wired et Gizmodo, l’insaisissable Satoshi Nakamoto, créateur du Bitcoin, serait en fait un ingénieur australien prénommé Craig Steven Wright.
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“Qui est Satoshi Nakamoto?” Depuis 2008 et l’introduction du bitcoin, cette monnaie virtuelle permettant un paiement intraçable, cette question hante les journalistes, technophiles et fans due la crypto-devise. Car Satoshi Nakamoto n’existe pas : derrière ce pseudonyme se cache l’identité du créateur du bitcoin, une monnaie qui s’échange aujourd’hui à 1 250 dollars US et qui, avec environ 13 millions de bitcoins en circulation, représente un total de 16 milliards de dollars. En d’autres termes, l’homme qui se cache derrière Satoshi Nakamoto a révolutionné l’économie mondiale. Et aujourd’hui, deux médias américains affirment connaître son identité.
Selon les enquêtes de Wired et Gizmodo, le visage de Satoshi Nakamoto serait en fait celui de Craig Steven Wright, un ingénieur australien de 44 ans, qui se définit lui-même comme impliqué de près dans le développement de la monnaie. Pour parvenir à cette conclusion, les deux médias se basent sur une série de documents transmis par une source anonyme, parmi lesquels des copies d’emails qui auraient été écrits par l’Australien.
Selon Gizmodo, Craig Wright aurait utilisé l’adresse satoshi @visitomail.com pour écrire à ses collègues, alors que l’adresse était celle utilisée par Satoshi Nakamoto pour discuter avec les développeurs dans les premières heures du bitcoin.Le site américain fournit également les minutes d’une rencontre entre Wright, son avocat et un représentant du fisc australien, durant laquelle Wright déclare qu’il a “fait de son mieux pour cacher au monde le fait qu’ [il] dirige bitcoin depuis 2009”.
Le site Wired s’appuie également sur des post du blog de Craig Wright dont un, daté du 10 janvier 2009 et depuis effacé, qui annonce que “la beta du bitcoin sera en ligne demain”. Enfin, d’autres emails relient le nom de David Kleiman, ami intime de Wright, à Tulip Trust, un mystérieux fonds contenant 1.1 million de bitcoins, unique en son genre, dont la communauté bitcoin affirme qu’elle ne peut appartenir qu’à Satoshi Nakamoto, seul capable de “miner” (générer de la monnaie en mettant de la puissance informatique à disposition du réseau) autant d’unités, à une époque où les particuliers pouvaient encore le faire.
Suivent d’autres preuves qui s’amoncellent petit à petit, faisant de Craig Wright un excellent candidat pour incarner le mystérieux Nakamoto. Au point que Wired entre en contact avec Craig Wright, qui répondra dans un langage cryptique parsemé de références cyberpunk de William Gibson avant de couper le contact.
Génie autodidacte et entrepreneur forcené
Si Craig Wright semble être dans une situation compliquée pour arriver à prouver qu’il n’est pas Satoshi Nakamoto, Wired comme Gizmodo font montre d’une extrême prudence. Car ils ne sont pas les premiers à tenter de résoudre le mystère : le New York Times, le New Yorker et Fast Company ont tous essayé, sans succès, de mener l’enquête. La palme du plus gros fail sur le sujet revient à Newsweek qui titrait, le 6 mars 2014, “le visage du bitcoin” et pointait Dorian Nakamoto, un ingénieur californien. Un “doxing” (la pratique qui consiste à révéler l’identité de quelqu’un à l’aide de détails personnels) complètement raté qui avait mis un sérieux coup de frein à la traque.
“Malgré cette importante collection d’indices”, écrit Wired,“aucun ne prouve totalement que Wright est bien Nakamoto. Tout cela pourrait être un hoax élaboré, voire orchestré par Wright lui-même.” Fana de culture japonaise, autodidacte surdoué, serial entrepreneur libertaire adepte de l’évasion fiscale, capable de construire deux superordinateurs (dont la plus puissante machine privée au monde), Wright a le profil parfait pour endosser le costume complexe de Nakamoto, le génie solitaire et invisible qui a révolutionné les sciences informatiques.
Quelques heures après la publication des deux articles, la police australienne perquisitionnait le domicile et le bureau de Wright, tout en affirmant dans un communiqué que cette opération visait à “assister le fisc australien”. Depuis, Craig Wright a fermé son compte Twitter. Un compte sur lequel il écrivait, encore récemment, “je n’ai jamais souhaité être un leader mais ce n’était pas mon choix.”