Le photographe roumain Cosmin Bumbut s’est intéressé aux prisons de son pays en choisissant de montrer des lieux méconnus : les chambres destinées aux visites intimes.
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La prison est représentée dans tant de fictions qu’elle en deviendrait presque glamour. Des séries comme Orange Is The New Black, Prison Break ou Oz nous en parlent mais nous n’avons pas toujours une image réaliste de ce qu’est la vie dans une institution pénitentiaire. Certains de ses aspects n’ont en effet jamais été vraiment abordés.
Avec la série Camera Intima, le photographe roumain Cosmin Bumbuţ nous emmène à la découverte des chambres “privées” que l’on peut trouver dans 40 pénitenciers roumains. Alors qu’aux États-Unis les visites conjugales sont destinées à toute la famille, en Roumanie, les chambres de visite “intime” ne sont rien de plus que des pièces destinées au sexe.
Ainsi pour les Américains, il est entendu que les visites familiales dépassent largement le cadre sexuel, et les prisonniers peuvent passer du temps avec leurs enfants, leurs frères et sœurs ou leurs parents. Les pièces de visite sont davantage destinées à resserrer les liens familiaux qu’à se libérer d’une frustration sexuelle.
Bien que la plupart de ces pièces soient en réalité des caves aménagées et tiennent plus de la chambre de motel à bas prix – une télé, un mini-frigo, un tapis un peu moche et une pancarte destinée à rappeler aux occupants de passage le règlement intérieur – que du boudoir, Cosmin Bumbut a tenté de saisir leur intimité et de donner une image réaliste de la contradiction qui caractérise ces lieux : le besoin d’intimité dans un endroit qui en est tout à fait dénué.
Les visites conjugales, moyen efficace pour garder les détenus dociles et obéissants, sont utilisées au service du maintien de l’ordre.
“Officiellement, tous les prisonniers peuvent avoir une vie sexuelle dans les institutions pénitentiaires. Mais pour cela, il leur faut au préalable respecter toutes les étapes administratives, explique Cosmin Bumbut. Ils doivent écrire une demande, attendre son approbation et respecter les règles.”
La perspective d’une visite conjugale est ainsi assujettie à un bon comportement. Dans de telles conditions, le sexe se transforme en récompense. Mais ces pièces sont bien plus que des endroits destinés à l’assouvissement des pulsions sexuelles : ici, le temps d’un instant, les prisonniers ne sont plus de simples condamnés, mais des gens comme les autres.
Traduit de l’anglais par Erika Lombart