Sur l’île de Lesbos, en Grèce, des sauveteurs volontaires du projet “Reconciliation with the Sea” aident les réfugiés ayant traversé la Méditerranée au péril de leur vie à surmonter la peur de l’eau.
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On pourrait qualifier la méthode de cathartique : apprendre à des migrants à se familiariser avec l’eau. Eux qui ont dû traverser la mer sur des bateaux de fortune, la plupart du temps sans savoir nager. Ainsi, l’ONG espagnole d’aide aux réfugiés Proem-Aid leur propose des cours de natation gratuits en bord de mer trois fois par semaine. Une manière de se réconcilier avec la peur des flots qui auraient pu les emporter.
Rien que depuis le début de l’année 2016, l’Organisation internationale pour les migrants (OIM) estime à plus de 55 000 le nombre de personnes ayant traversé la mer Méditerranée. Près de 3 000 n’ont pas eu la chance d’atteindre les côtes vivants.
Guérir de ses peurs
Les cours de natation apparaissent comme de véritables bols d’air pour les migrants, enfants et adultes, cantonnés le reste du temps dans des camps de réfugiés sur l’île de Lesbos. Trois fois par semaine, dans le cadre du projet Reconciliation with the Sea, des sauveteurs professionnels prennent du temps pour réconcilier les migrants avec la mer. Les participants sont de tous âges et viennent principalement d’Afrique et du Moyen-Orient. Tous ou presque sont traumatisés par leur traversée de la Méditerranée.
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Le site Middle East Eye, qui relaye l’information dans un long article bien documenté, évoque l’exemple de Lola, une Nigériane d’une trentaine d’années qui, après son périple en mer, a développé une peur de l’eau. Fuyant le groupe terroriste Boko Haram, la jeune femme a pris un vol pour la Turquie et payé 1 000 dollars (environ 900 euros) pour parcourir les quelque 16 kilomètres la séparant de l’île de Lesbos, qu’elle a effectués sur un bateau pneumatique avec une quarantaine de passagers. Elle n’avait alors jamais vu la mer et ne savait pas nager. Grâce à Proem-Aid, Lola a pu tenter une seconde approche de la mer, non sans appréhension.
Selon les volontaires du projet, une transformation visible est à l’œuvre chez les migrants qui suivent ces cours. Les corps se décontractent, la crispation fait place au rire et ceux qui restent sur le rivage finissent bien souvent par piquer une petite tête. Par ailleurs, la fonction purificatrice de l’eau permet de laver les émotions et de mettre à distance, pendant cette parenthèse de deux heures au moins, traumas et stigmates de la guerre. Une belle initiative qui permettra, on l’espère, de réconcilier des milliers d’hommes et de femmes avec la mer.