“L’équipe de choc est de retour”, nous avait-il prévenus dès “Omotesando”, premier single de leur nouveau projet. IAM is back, et ce n’est pas pour faire de la figuration. “Omotesando”, c’est aussi l’introduction de Yasuke, le neuvième album studio d’une carrière immense, commencée à l’aube des années 1990. Le groupe légendaire de la planète M.A.R.S. a traversé les époques comme peu d’autres, et continue son bout de chemin à une époque où le rap n’a jamais autant muté.
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Les gars d’IAM préfèrent revenir aux origines new-yorkaises du rap – que l’on peut entendre dans le scratch d’un Kheops toujours aussi intemporel – pour retrouver l’essence de ce courant musical underground et contestataire qui est devenu le genre le plus plébiscité à travers le monde au fil des décennies. En témoigne notamment ce feat avec Skyzoo (“Good Morning Song”), un rappeur américain tout droit sorti de Brooklyn, là où DJ Kool Herc, Afrika Bambaataa et Grandmaster Flash ont établi les fondations de ce qui allait devenir le mouvement hip-hop.
La cover est directement inspirée du célèbre tableau Le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault. Un moyen de mettre en image la dérive du rap – même si celle-ci est bien loin de ne présenter que des inconvénients – mais surtout la dérive d’une société malade, asservie par le capitalisme, comme ils peuvent le narrer avec la plume qui a fait leur réputation sur “Le Train de l’argent”, peut-être l’une des pistes les plus séduisantes de Yasuke.
IAM capitalise d’ailleurs sur sa force : une écriture exigeante, des beats lents mais précis et un storytelling toujours aussi imagé et inspiré. Même si Akhenaton fait parfois un peu moins mouche que par le passé, il est difficile de s’imaginer que presque 30 ans séparent leur premier album (… De la planète Mars) de Yasuke.
Pourtant, il y a des évolutions sur ce nouveau disque. On peut penser à Shurik’n notamment, plus chanteur que jamais. Mais aussi aux featurings, assez nombreux et éclectiques. On retrouve ainsi l’excellent Kalash sur “Eldorado”, mais aussi le musicien nigérian Femi Kuti sur “Remember” ou JMK$, membre du crew Summum Klan et figure du rap indépendant marseillais d’aujourd’hui.
Une scène marseillaise décidément mise à l’honneur sur “Fin des illusions”, où l’on retrouve Allen Akino, Faf Larage, mais aussi Relo et Veust. Mais le featuring le plus réussi reste probablement cette association sur “Self Made Men” avec un autre crew emblématique de la cité phocéenne : les Psy 4 de la rime. Un titre pourvu d’un clip, paru également ce vendredi 22 novembre, où l’on peut apercevoir les membres des deux groupes mythiques se succéder devant la caméra, comme pour rapper une époque qui ne sera probablement jamais révolue.