Le recensement des populations de poissons est une tâche aussi essentielle qu’impossible, alors que la faune marine pourrait disparaître d’ici 2050.
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Vous êtes-vous déjà demandé, dans un moment d’oisiveté, combien de poissons comptait la Terre ? Si oui, félicitations, vous avez mis le doigt sur une question essentielle. Et vous n’êtes pas le seul. Depuis des décennies, des bateaux de recherche sillonnent les océans dans le seul but d’estimer les contingents, et pas pour le seul plaisir des statistiques : ce sont les chiffres de ces organismes scientifiques qui déterminent les quotas de pêche dans les différentes régions du globe, quotas auxquels sont parfois suspendus les économies de régions entières tributaires de cette activité.
De plus, il y a urgence : entre 1970 et 2012, les effectifs de certaines espèces de poissons consommées par l’homme ont diminué de 75 %, indique un rapport du World Wildlife Fund de 2015. Et selon un rapport plus ancien du Programme des Nations unies pour l’environnement, les poissons pourraient tout simplement avoir disparu des océans d’ici 2050.
Drones, IA, sous-marins autonomes
Heureusement, explique The Atlantic dans un long reportage paru le 5 octobre, la technologie permet de perfectionner toujours plus les méthodes de recensement, alors qu’elle se résumait, il y a encore quelques décennies, à “du papier et des crayons imperméables”, écrit le magazine. Aujourd’hui, les chercheurs se dotent “d’intelligences artificielles, de sous-marins autonomes et de drones” pour développer de nouvelles méthodes de comptage et, ainsi, avoir une vue d’ensemble plus précise sur le mal que nous sommes en train de faire à la faune marine.
Pourtant, comme l’explique The Atlantic, “compter des poissons, c’est comme compter des arbres, sauf qu’ils sont invisibles et qu’ils se déplacent.” Pour y parvenir, les différentes agences, dont l’Agence américaine d’observation océanographique et atmosphérique (NOAA), se basaient donc jusque-là sur des modèles statistiques pas forcément représentatifs. Avec l’arrivée des sous-marins autonomes, qui peuvent explorer là où les bateaux ne vont pas, les chercheurs doivent faire face à un problème inattendu : trop d’informations à traiter. C’est là que la technologie des intelligences artificielles est entrée en scène. Quant aux populations de poissons vivant au large, elles sont désormais recensées par des drones équipés de sonars.
Mais, si précis que deviennent ces recensements, ils ne sont toujours pas suffisants pour ralentir la destruction progressive de la faune marine, et certains chercheurs y voient même “une distraction dangereuse“. Selon le professeur d’histoire environnementale Poul Holm, l’analyse de 200 ans de données révèle une situation limpide : “Nous avons éradiqué les neuf dixièmes de la biomasse des grands poissons et animaux marins.” Avec ou sans recensement, la situation est plus que pressante.