Dès “la semaine prochaine”, les migrants de Calais auront des douches et des sanitaires

Dès “la semaine prochaine”, les migrants de Calais auront des douches et des sanitaires

Une victoire chèrement obtenue par les associations de défense des réfugiés, qui militent depuis des mois pour l’installation de points d’eau, conditions du retour de la dignité humaine à Calais.

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C’est pas trop tôt. Après des mois de démêlés judiciaires entre les ONG et la mairie de Calais, le préfet du Pas-de-Calais, Fabien Sudry, a annoncé l’installation de douches et de sanitaires pour les migrants qui survivent tant bien que mal aux abords de la ville. D’après M. Sudry, l’opération devrait être réalisée “avant la fin de la semaine prochaine”, et ce malgré la vive opposition de la maire de la ville, Natacha Bouchart, qui a d’ores et déjà affirmé qu’elle n’installerait “ni douche ni toilettes” et que l’État devrait réquisitionner le terrain. Philanthropie, quand tu nous tiens.

Face à la grogne de l’édile, qui craint la formation de nouveaux bidonvilles type “jungle” de Calais, la préfecture tente de rassurer : “Nous sommes en train de caler le dispositif, de choisir les implantations les plus appropriées, avec une considération importante pour nous, celle d’éviter la reconstitution de campements à travers ces installations”. Car les points d’eau sont évidemment loin d’être suffisants. C’est pourquoi les autorités publiques ont annoncé la construction de nouvelles structures destinées à accueillir dans l’urgence les réfugiés, tout en les orientant dans leur démarche de demande d’asile.

Dialogue

Pour éviter les couacs, l’installation des points d’eau se fera en concertation avec toutes les parties, aux ambitions pourtant radicalement opposées. “Je rencontrerai les associations et je serai en relation avec la municipalité pour arrêter un dispositif le plus adapté possible”, a déclaré le préfet. Si le torchon brûle toujours avec la mairie, la hache de guerre semble enterrée avec les associations, qui déploraient il y a quelques semaines encore le traitement infligé par les forces de l’ordre aux quelque 450 migrants présents sur place. D’après les témoignages qu’elles ont récoltés, ils étaient aspergés de gaz lacrymogène, de même que leur nourriture et leur eau, et ne pouvaient parfois dormir plus d’une heure ou deux par nuit. Des “abus graves […] sans sanctions”, dénoncés par Human Rights Watch.

Pour les ONG, l’installation de points d’eau était donc l’une des principales conditions du retour de la dignité humaine à Calais. Et c’est en grande partie au Conseil d’État qu’elles doivent cette victoire chèrement obtenue. Le 31 juillet, la plus haute juridiction de France rejetait définitivement le recours de la mairie de Calais et du ministère de l’Intérieur, engagés dans un clash judiciaire avec les associations pour obtenir coûte que coûte l’arrêt des projets de points d’eau. Mais en rendant son jugement, le Conseil d’État affirmait avec force que les conditions de vie déplorables des migrants “révèlent, de la part des autorités publiques, une carence de nature à exposer les personnes concernées à des traitements inhumains ou dégradants. […] Cette carence porte ainsi une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale”.

C’est donc avec une certaine surprise qu’on apprend que le ministère de l’Intérieur, le même qui faisait la guerre judiciaire aux associations il y a encore quelques jours, soutient aujourd’hui l’installation des points d’eau par l’intermédiaire de sa préfecture. Mais bon, on ne va pas se plaindre.