9% pour un gamin de 15 ans
Le nom officiel du candidat sur la liste des 673 citée plus haut est bien “Deez Nuts”. Un journaliste de Rolling Stone a retrouvé son adresse via le formulaire d’inscription, à Wallingford dans l’Iowa, et est tombé sur un certain Mark C. Olson. Contacté sur Twitter, ce dernier lui a déclaré qu’il n’était pas le candidat, mais qu’il s’agissait de son fils de 15 ans. Le même journaliste l’a donc contacté par mail afin d’en savoir plus.
@7im No. It's my 15 year old son.
— Mark Olson (@MarkOlsonfarms) 20 Août 2015
Dans un autre papier, sorti un peu plus tard sur le site du Daily Beast, on apprend que le candidat s’appelle en réalité Brady C. Olson, a 15 ans, est le fils d’un fermier et d’une assistante dentaire, et va bientôt rentrer en deuxième année de lycée.
Au Daily Beast, il explique qu’il a sauté le pas – avec le soutien de ses parents – après avoir vu la confirmation de la candidature du chat Limberbutt McCubbins, dont nous parlions plus haut. Quand le Rolling Stone lui demande jusqu’où il compte poursuivre la blague, Brady répond très solennellement :
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Aussi loin que l’Amérique voudra l’emmener.
Une blague vieille comme le monde
Brady n’a pas choisi “Deez Nuts” au hasard. Vieille blague qui trainait dans les collèges et lycées américains dans les années 70/80, il s’agit d’une répartie façon jeu de mot mais, surtout, pour la faire simple, une manière d’envoyer bouler quelqu’un.
La première trace écrite de l’expression daterait de 1985, dans le livre Bermewjan Vurds écrit par Peter Smith et Fred M. Barritt, selon “The New Partridge Dictionary of Slang and Unconventional English“. Mais c’est Dr. Dre qui l’institutionnalisera avec sa chanson “Deez Nuts”, extraite de l’album The Chronic, sorti fin 1992.
Au début du morceau, Warren G, au téléphone, fait la fameuse blague dans un canular qu’il enregistra lui-même pendant qune session en studio. “Dre, allume le micro. Je vais appeler une pote et je vais l’avoir” aurait-il dit, selon une interview lâchée sur le sujet au Daily Beast.
L’expression sera à la mode un certain temps, avant de disparaitre. En 2015, la blague a resurgi des tréfonds de l’oubli grâce à la vidéo d’un canular qui a récolté quelques 17 millions de vues depuis fin mars 2015. La boutade devient mème, et donne quelques idées donc à notre Brady.
Pas de Deez Nuts à la Maison Blanche
Malheureusement (ou heureusement, d’ailleurs), l’histoire risque de ne pas aller beaucoup plus loin. Déjà, parce que son succès fulgurant est entièrement dû à PPP, une agence de sondages pas très bien vue aux États-Unis, comme le souligne Vox dans un article, soulignant le manque de crédibilité de sa méthode.
Mais au-delà de ça, le succès de cette histoire fait du bonhomme un candidat dont désormais tout le monde a entendu le nom. Hier, un supercut de toutes les mentions de son nom à la télévision était diffusé en ligne : 34 extraits vidéo, en moins de 48 heures. Mais sa candidature ne pourra techniquement pas aller plus loin : il faut avoir au minimum 35 ans pour être président.
Comment a-t-il pu devenir candidat dans ce cas ? Le système américain permet à n’importe qui de se présenter avec son “formulaire numéro 2”. Mais pour être un candidat officiel, il faut remplir le formulaire 1, où l’on demande le vrai nom, le numéro de téléphone et l’âge. Surtout, un soutien financier d’au moins 5000$ est obligatoire pour rendre la candidature légitime. Dommage.
D’autant plus dommage que parmi ses soutiens, Deez Nuts avait un certain Warren G. Oui, le même rappeur Californien, pape du G-Funk, qui affirmait au Daily Beast :
J’étais dans mon lit, et le mec des infos a balancé : “Donald Trump, Hillary Clinton“, avant de dire “Deez Nuts“. J’ai dit “Wow. Vous vous foutez de moi là !“. J’étais comme un fou de voir ce truc […]. C’était un délire. S’il me veut [en tant que vice-Président, ndlr], je serai à ces côtés jusqu’à la fin. Qui serait meilleur que moi ? Je suis prêt, allons-y. J’organiserai à la Maison-Blanche des “Mercredi Weed”.
Un gamin de 15 ans, appelé Deez Nuts, avec comme vice-président Warren G, ça aurait pu avoir de la gueule franchement.