Le photojournaliste David Guttenfelder a immortalisé la Corée du Nord avec son smartphone. Ses clichés sont actuellement exposés au festival Visa pour l’image de Perpignan.
Depuis plus de vingt ans, David Guttenfelder sillonne le monde pour couvrir de grands sujets d’actualité. Membre du staff de National Geographic et travaillant pour l’agence Associated Press, il est l’un des rares photographes spécialistes de la Corée du Nord. En 2011, il y a d’ailleurs ouvert un bureau pour Associated Press. L’agence de presse américaine est ainsi devenue la première structure d’information occidentale à officier dans ce pays très fermé dirigé par Kim Jong-un. Si David Guttenfelder possède un boîtier Canon, son premier outil de travail est son téléphone mobile, plus léger et discret pour couvrir certaines situations sensibles.
Il partage ses clichés sur Instagram, réseau sur lequel il a presque réuni un million de followers, et a été élu “photographe de l’année” par le magazine américain Time en 2014. Ses images capturées à l’iPhone font jusqu’au 11 septembre l’objet d’une exposition intitulée Coming Home au festival Visa pour l’image, à Perpignan.
Dans une interview accordée au quotidien Suisse Le Temps, le photojournaliste explique avoir vu la Corée du Nord s’ouvrir au fur et à mesure de ses séjours dans le pays (plus de cinquante au total). Au début des années 2000, les vitres des transports en commun ou des chambres d’hôtel étaient peintes en noires. C’est seulement en 2013, lorsque le pays a autorisé l’utilisation d’Internet et des téléphones mobiles qu’il a pu constater une plus grande ouverture. Il considère que cette mesure a “révolutionné [sa] vie de photographe” car il a pu commencer à publier ses images quotidiennement sur les réseaux sociaux, touchant ainsi le plus grand nombre.
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“C’est comme si je les emmenais en Corée du Nord !”
Photographier au smartphone lui confère une véritable discrétion, ainsi qu’un lien évident et rapide vers le monde extérieur. Le photographe explique plus précisément ce choix :
“Utiliser un petit appareil permet de prendre des images plus sensibles car c’est beaucoup plus discret. Les gens là-bas n’ont pas Internet mais ils prennent beaucoup d’images avec leurs téléphones, ils sont habitués à cela. Comme j’avais mon Iphone toujours à portée de main, je me suis mis à photographier plein de choses nouvelles, beaucoup de détails. Cela n’a peut-être pas grand intérêt pour la presse mais je me sens responsable de tout montrer de ce pays. Les photoreporters courent toujours vers le plus dramatique. Là, c’est comme un puzzle dont chaque pièce revêt une égale importance. Grâce à la diffusion via les réseaux sociaux, le public me questionne, commente mon travail, etc. C’est comme si je les emmenais en Corée du Nord ! C’est une expérience inédite.”
Loin des images sensationnelles, le travail de David Guttenfelder s’inscrit dans la durée et dans l’accumulation de détails qui informent sur la situation du pays. N’étant pas seulement centré sur la Corée du Nord, le photographe est parti en reportage dans le monde entier notamment aux États-Unis, aux Philippines ou encore à Cuba. Avec plus de 1 700 photos postées à travers le monde, le travail prolifique de David Guttenfelder nous interroge sur les évolutions du métier de photojournaliste.
Vous pouvez retrouver le travail de David Guttenfelder sur son site personnel et sur Instagram.