La comédienne Marion Seclin est revenue sur son statut de “championne de France de cyberharcèlement” sur la scène des TEDxChampsÉlyséesWomen, pour nous prouver qu’on a tous le pouvoir d’agir.
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Début novembre, le documentaire de LCI mené par la journaliste Anaïs Condomines, Cyber harcelées : chroniques de l’impunité 2.0 mêlait les témoignages de plusieurs femmes harcelées sur Internet. La comédienne Marion Seclin notamment y racontait le cyberharcèlement sexiste dont elle a été victime après la publication d’une vidéo traitant du harcèlement de rue sur le site féministe madmoiZelle en mai 2016.
Elle est revenue plus longuement sur cet épisode et son statut de “championne de France de cyberharcèlement” aux TEDxChampsÉlyséesWomen. Lors de son intervention, dont la vidéo a été publiée il y a quelques jours, elle a raconté comment elle avait reçu 40 000 menaces de mort, viol et des insultes. Et s’est trouvée bien désemparée quant aux recours possibles : trouver les identités de ces 40 000 cyberharceleurs puis tous les poursuivre en justice est une mission impossible.
De l’impunité des cyberharceleurs
Marion Seclin n’a pas non plus pu compter sur l’aide de YouTube, qui lui a en substance répondu “c’est pas de ma faute, en fait moi je ne suis pas un média, je suis un diffuseur donc je ne prends pas parti”. Il faut dire que la gravité du cyberharcèlement n’est pas vraiment intégrée dans la société : la comédienne regrette ainsi également les réactions qu’elle a pu constater autour d’elle. Elle a eu l’impression que son désarroi n’était pas considéré comme légitime.
“J’avais envie qu’on arrête de me dire qu’il suffisait que je ferme les onglets pour que les ‘sale pute va mourir’ disparaissent” a-t-elle raconté, expliquant qu’elle se serait ainsi “sentie moins seule, isolée, stigmatisée”. Avant de souligner le besoin d’une prise de conscience générale de la gravité de ces faits restés impunis, ainsi que de la nécessité d’une mobilisation des internautes.
“Si on réussit individuellement à générer des vagues de haine, logiquement on devrait réussir individuellement à générer des vagues d’amour, de soutien, de bienveillance”, a expliqué Marion Seclin, invitant à “prendre conscience qu’une poignée de gens bienveillants peuvent avoir un tel impact sur la vie de quelqu’un. On est maître de notre impact”.
Crier “plus fort” que “ceux qui crient leur haine”
Rappelant comment l’inaction constitue une action, la comédienne a fini son discours en soulignant que “si on crie plus fort notre satisfaction, on n’entendra plus du tout ceux qui crient leur haine, on fera trop de bruit”. Avant d’inviter les internautes à montrer leur présence d’un commentaire respectueux, un pouce bleu ou juste une émoticône cœur.
Force est de constater que la réception de la vidéo a prouvé l’importance du discours de Marion Seclin : madmoiZelle rapporte en effet que le jour de la publication de la vidéo, les pouces rouges dépassaient largement les bleus. Mais les propos de la comédienne ont été entendus, puisque le rapport s’est depuis complètement inversé.
Ce 4 décembre, la vidéo de la “championne de France de cyberharcèlement” a ainsi recueilli 16 000 likes contre 2 000 pouces rouges. Et parmi les 4 700 commentaires, s’il y a de nombreux propos haineux, beaucoup manifestent leur soutien à la vidéaste — sinon d’un commentaire, d’un cœur rouge.
Dans le documentaire de LCI, la sénatrice Laurence Rossignol confiait qu’il manquait à son sens “une loi contre le sexisme”, dont le harcèlement en ligne est bien une manifestation violente. En attendant des actions politiques, les mouvements citoyens continuent de s’organiser ; le discours de Marion Seclin en montre l’utilité et l’efficacité.