Pour évoquer le burkini, tous les arguments sont bons, ou pas. Le Premier ministre Manuel Valls en a fait l’expérience lundi 29 août.
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À Colomiers, près de Toulouse, Manuel Valls et plusieurs membres du gouvernement donnaient lundi 29 août un meeting appelé “L’essentiel c’est la République“. Après le défilé des ministres et des soutiens de François Hollande, Manuel Valls prend la parole pour clore le rassemblement. Il évoque la place des femmes en France et lance : “Marianne, elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre ! C’est ça la République !”, rapporte Libération. Une référence pas si implicite à la polémique du burkini,qui n’a pas du tout plu à une professeure d’histoire.
Mathilde Larrère, maître de conférence en histoire contemporaine à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée, a dénoncé sur twitter l’appropriation du symbole de la Marianne au sein nu, en particulier de l’association de ce sein nu à la liberté des femmes. Elle décide de donner un petit cours d’histoire à la twittosphère, et du même coup au Premier ministre. Le premier tweet donne le ton.
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Une image de la République, et pas de la femme
Elle se lance alors dans un diaporama de 23 tweets d’explications historiques au sujet de Marianne, pour démontrer à quel point cette allégorie de la République ne peut pas être utilisée comme un argument pour parler de la liberté de la femme. Mathilde Larrère commence alors par expliquer que le sein nu de Marianne n’est qu’un “modèle des allégories antiques, sans que ça signifie quoi que ce soit… juste un code artistique“. Elle ajoute ensuite que Marianne est au départ un symbole utilisé par des hommes à une époque (le XIXe siècle) où le Code civil “réduisait les femmes au statut de mineurs et leur interdisait le vote“. L’historienne rappelle qu’aucun “de ces messieurs n’a envisagé à l’époque de donner aux femmes une capacité civile, une liberté, ou le droit de vote.”
“Tout ce qui se joue là est l’image que l’on veut donner de la République, et pas du tout ce qu’on veut dire des femmes !”, précise l’historienne. Marianne est un symbole que chaque camp politique a tour à tour essayé de s’attribuer.Mathilde Larrère rappelle notamment que si elle est dénudée aujourd’hui, c’est parce que les radicaux ont eu le dernier mot. Ainsi la Marianne des républicains libéraux conservateurs “cheveux attachés, seins couverts, pas d’arme, sagement assise” se montrait bien moins provocante que celle des radicaux révolutionnaires.