Malgré le côté vintage de cette histoire, celle-ci nous plonge aussi dans l’Internet du XXIe siècle.
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Il ne s’attendait pas à vendre une cinquantaine de pin’s en vingt-quatre heures. Mais au vu des réactions enthousiastes qu’a suscitées, sur Twitter, l’annonce de l’ouverture de cet e-shop aussi baroque que vintage, il aurait pu s’en douter :
Bonjour, nous sommes en 2018 et je lance une boutique de pin's.
— Emiland (@EmilandDC) 6 juin 2018
Ça s'appelle Internet Pin Company et ça se passe par là :
https://t.co/4jg0omboQu
Vous voulez en savoir plus sur @internetpin et son histoire ?
C'est par ici pic.twitter.com/5nbswXdIcn
Emiland a 30 ans. Ingénieur de formation passé par HEC, il a commencé sa carrière dans des start-up tech avant d’arriver chez Twitter France. Mais la vie pro ne lui suffit pas. Il a besoin, comme beaucoup d’autres, de side-projects nourrissants. Jusque-là, il se contentait du pilotage de drones au sein d’un club amateur. Mais ce projet ne lui suffisait pas. “Je suis hyperactif”, souligne-t-il. Il a donc imaginé le site Internet Pin Company.
Celui-ci propose une bonne vingtaine de pin’s vintage. Tous ont été chinés dans des brocantes, sauf deux faits maison. Pour les pin’s chinés, le site précise qu’ils sont déjà quasiment tous “sold out” : ce n’est guère étonnant, puisqu’ils n’étaient disponibles qu’en un seul exemplaire.
En revanche, il lui faudra plus de temps pour écouler les deux pin’s maison, puisqu’ils sont disponibles en bien plus grandes quantités : le Supprime (“Parce qu’on a tous des potes qui font des posts moisis sur les réseaux sociaux”, explique le site) et le Cogip (“Réservés à l’élite de l’open space, ces pin’s peuvent être accrochés sur un veston en tweed pour une symbiose corporate totale”).
Mais pourquoi diable a-t-il lancé un site de pin’s “vintech” ? Pour se faire beaucoup d’argent ? Pour (se) raconter une énième reconversion improbable type “premier de la classe” ? Non, c’est de l’argent de poche, et non, il n’a pas l’intention de quitter son job.
Primo, parce qu’il aime les pin’s (surtout depuis qu’il a redécouvert la collection de ses parents) et fait des rencontres “vraiment folles” en les chinant. Deuxio, parce qu’il voulait réhabiliter les pin’s informatiques, sous-représentés dans l’écosystème global de ce petit accessoire. Enfin, ça l’amusait d’avoir son petit e-commerce à lui, juste pour voir.
Eh oui, on peut vouloir créer une boutique juste pour voir ce que ça fait. Car l’histoire d’Internet Pin Company nous parle de notre époque, celle de l’Internet archi-mondialisé et démocratisé. Aujourd’hui, absolument n’importe qui peut décider, d’un claquement de doigts, de se transformer en vendeur online.
Emiland a monté facilement son site avec Big Cartel, un outil très populaire qui permet à quiconque de vendre en ligne en échange de 10 $ par mois (25 produits maximum pour cette offre-là). Pour la fabrication des pin’s, il lui a fallu se tourner vers la Chine, l’Europe n’en produisant presque plus. Il a donc trouvé des fabricants sur la plateforme géante chinoise Alibaba (il suffit de taper, par exemple, “pin’s maker”) et les a mis en concurrence.
Au cours de notre conversation, Emiland insiste : ses pin’s, c’est juste un délire. C’est trippant de les mettre sous enveloppe, d’ajouter une petite carte pour le client, et de leur écrire des petites blagues. C’est trippant de se dire qu’on va expédier trois pin’s à San Francisco. On imagine effectivement que c’est bien trippant d’être dans cette zone floue, entre le commerce et le délire perso.
On lui dit que son site n’aurait jamais retenu l’attention sans ce design bleu électrique assez bien senti. Mais ça coûte cher, non, de faire appel aux services d’un designer ? Eh ben non, ça n’a rien coûté, le design étant fait maison. Évidemment. On aurait dû s’en douter. Encore cette époque, qui a engendré des slasheurs pluri-compétents amusés (mais parfois contraints) par le cumul des casquettes.