Grâce à la publication préalable d’Endless, album visuel de 45 minutes, Frank Ocean a réussi par un tour de passe-passe à se libérer du contrat qui le liait avec Universal Music Group/Def Jam, pour sortir en toute indépendance Blonde/Blond.
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En construisant un escalier de bois… Frank Ocean s’est créé une sortie de secours pour retrouver sa liberté artistique. Avant la parution d’Endless puis Blonde/Blond, il ne restait plus qu’un album à Frank Ocean pour honorer le contrat qui le liait à Universal Music et son antenne Def Jam.
Album visuel de 45 minutes, Endless a donc permis à Frank Ocean de se libérer de ce contrat, pour pouvoir sortir, quelques heures plus tard et en toute indépendance, Blonde/Blond, album classique de 18 pistes. Un procédé mené habilement et bien discrètement par Frank Ocean, qui met son ancienne maison de disques désormais, dans tous ses états.
Un détail d’abord passé inaperçu confirme la passation des droits : Blonde/Blond n’est pas crédité “Universal Music Group”, ni “Def Jam”, mais “℗Boys Don’t Cry”, nom du label fraîchement créé par Frank Ocean. Cela lui accorde le copyright sur les morceaux qui composent l’album, et cela a plusieurs conséquences, et pas des moindres.
Le prix de la liberté
Si Frank Ocean avait sorti son album avec Universal, il aurait perçu 14 % des revenus générés par les ventes. En indépendant, ce taux passe à 70 %. En sachant que, selon Billboard, 225 000 à 250 000 exemplaires de Blonde/Blond devraient être vendus pour sa première semaine d’exploitation. Lui qui a été téléchargé illégalement plus de… 750 000 fois depuis sa sortie, le 20 août 2016.
Et UMG peut s’en arracher les cheveux, elle qui a dépensé quelque deux millions de dollars pour la production de l’album. Il fallait bien payer les services de David Bowie, Kanye West, Jamie xx, Kendrick Lamar, Beyoncé, les Beatles, Andre 3000, Brian Eno, Pharrell, Elliott Smith… qui ont contribué à l’œuvre de Frank Ocean.
Quant à l’album visuel Endless, seule une vidéo permet de le regarder et l’écouter en exclusivité temporaire sur Apple Music. Problème : aucun de ses titre n’est destiné à la radio, ni à un clip, ce qui laisse Def Jam sur le carreau.
Entre UMG et Apple, fini le streaming exclusif
Le PDG de la société mère d’UMG-Def Jam – plus grande entreprise de musique au monde –, Lucian Grainge, a immédiatement pris la parole en déclarant que cette affaire marque la fin de la diffusion de contenus exclusifs en streaming entre sa maison de disques et Apple. Ambiance.
On ne sait pas encore si UMG poursuivra Frank Ocean, mais une source a confié à Billboard que l’artiste pourrait, via une clause de non-concurrence, être bloqué dans la promotion de Blonde/Blond pour une période définie, en attendant peut-être que la justice s’en mêle.
Reste à voir si le géant de la musique pourra embêter Frank Ocean qui, dans ses droits, ne devrait pas payer le prix de sa liberté, aussi inconvenant son plan d’évasion soit-il. Quoi qu’il en soit, cette affaire, à suivre, marque un tournant majeur, un de plus, dans l’industrie musicale.