Après avoir habillé des milliers de skateurs à travers le monde, Supreme se devait de leur rendre hommage. Fondée à New York en 1994 par James Jebbia, la marque annonçait la semaine dernière sur grand écran une vidéo long-format entièrement dédiée au skate : Cherry.
Un film très attendu qui a su réunir bon nombre d’aficionados et amis de la marque à son avant-première américaine, comme Tony Hawk, Earl Sweatshirt du crew Odd Future ou encore Chloë Sévigny – qui tente d’ailleurs de rentrer une petite figure dans le film.
Réalisé par le vidéaste new-yorkais William Strobeck, Cherry est un concentré de tricks orchestrés par les skateurs les plus en vus de la grosse pomme, ceux qui ont pris la rue et ses constructions urbaines comme terrain de jeu. Parmi eux, le légendaire Mark Gonzales, les très jeunes Tyshawn Jones, Sage Elsesser, et Aidan Mackey, ou encore le super classe Dylan Rieder.
Techniquement, le film de 38 minutes n’a rien de très innovant : il reprend les codes classiques des vidéos habituelles de skate, qui enchaînent les uns après les autres les plans de skateurs en pleine prouesse sur un bon gros son de hip-hop ou de punk-rock.
Seul choix original apporté par le réalisateur : le contraste entre moments de déconne et moments de tricks. Si les premiers – pendant lesquels nos fous furieux s’affairent à quelques délires et autres courses-poursuites avec les flics – sont en couleur, les seconds restent tout le long du film en noir et blanc, comme pour magnifier et suspendre ces instants de grâce.
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Une première vidéo de skate en 1995
Un noir et blanc insistant qui rappelle le tout premier film de Supreme consacré à la culture skateboard, qui l’a tant inspiré. En 1995, un an après sa création, la marque fait appel à Thomas Campbell pour réaliser une vidéo promotionnelle de 16 minutes intitulée A Love Supreme, en référence à l’album A Love Supreme de John Coltrane qui fait office de bande sonore.
Ici, pas de tricks spectaculaires, de chutes violentes ou de lourd hip-hop. Sur un air jazzy, ce court film en noir et blanc donne plutôt à voir le New York City des années 90, avec ses skateurs bien sûr mais aussi ses bureaux, ses rues, sa vie nocturne. À travers A Love Supreme et Cherry, la marque tend ainsi depuis ses débuts à rendre hommage aux deux fondations sur lesquelles elle repose : New York et le skate.
Mais si, contrairement à A Love Supreme, Cherry ne se démarque pas forcément des films classiques consacrés à la culture skateboard, il porte malgré tout quelque chose de plus, quelque chose de fédérateur.
Transcender les genres et les générations
Tout comme le skate, Supreme réunit à travers le monde entier. De New York à Tokyo en passant par Londres et même Paris (où la marque refuse toujours de s’implanter), Supreme transcende les générations et insuffle son état d’esprit. Celui de mecs passionnés, doués, un peu barrés aussi, de tout âge et de tout horizon.
Il n’y a qu’à voir ses fidèles disciples : le photographe Viktor Vauthier, le rappeur fou Tyler, The Creator, ou encore Glenn O’Brien, écrivain américain reconnu. Des personnages qu’a priori tout oppose, mais que la marque parvient à rassembler, notamment par le biais de ses collaborations.
Pour la création de ses collections, Supreme s’inspire en effet de nombreuses figures historiques provenant de divers milieux artistiques, comme Rammellzee, RZA, Miles Davis et même Bruce Lee. Dans une interview accordée à GQ en 2012, Tyler, The Creator et Glenn O’Brien rappelaient d’ailleurs leur admiration et respect communs pour la marque new-yorkaise, tout en soulignant son côté touche-à-tout :
Glenn O’Brien | Je me fiche de la mode du skateboard ou ce genre de choses, mais Supreme travaille avec des artistes que je respecte, et bon nombre de mes amis ont collaboré avec eux. Je trouve ça génial ! Leurs centres d’intérêt sont aussi les miens.
Tyler, The Creator | Pareil de mon côté. En collaborant avec des artistes musicaux, ils s’aventurent dans un autre monde. De même qu’avec la culture skate, qui est une valeur forte pour Supreme, ou encore l’art et la mode. Ils sont assez polyvalents.
Avec Cherry donc, Supreme avoue un peu plus son amour à la culture du skateboard, tout en immortalisant l’esprit que la marque porte en elle depuis 1994. Pour le mater, rendez-vous sur iTunes le 27 mars prochain.