Le Comité olympique international (CIO) a confirmé, dimanche 11 février, que ses infrastructures avaient bien été visées par une cyberattaque.
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C’était écrit, les Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang allaient être les Jeux les plus technologiques de l’Histoire. Avant le début des festivités, les autorités sud-coréennes présentaient fièrement leur flotte de drones de surveillance à reconnaissance faciale et leur arsenal de dispositifs anti-drones, justement, pour éviter tout survol imprudent (et toute attaque terroriste) à l’encontre des athlètes, alors que l’évènement sportif semble recouvert d’une chape de faïence diplomatique érigée par la Corée du Sud, les États-Unis et le régime de Pyongyang.
Malgré les précautions prises par Séoul, une première escarmouche a déjà eu lieu : dimanche 11 février, les autorités olympiques ont reconnu que la cérémonie d’ouverture avait bien été visée par une cyberattaque.
Durant la cérémonie d’ouverture, le vendredi 9 février, plusieurs observateurs avaient constaté des dérèglements dans les systèmes de diffusion de télévision et d’Internet des Jeux, laissant penser à une possible attaque. Rien de grave, néanmoins, puisque Reuters précise qu’aucune infrastructure n’a subi de dommage “critique”.
Il y a néanmoins eu quelques problèmes pour ceux et celles qui souhaitaient se rendre au stade, acheter et imprimer des billets sur le site officiel (qui est resté plusieurs heures inactif), ou tout simplement pour suivre les épreuves en direct sur les canaux de diffusion officiels de l’événement. Selon plusieurs témoignages, les accès à l’Internet filaire et wi-fi auraient également été coupés dans certaines enceintes sportives.
Des indices depuis plusieurs mois
Jusqu’ici, cependant, les organisateurs n’avaient pas confirmé l’information. “Tous les problèmes ont été résolus hier [samedi] matin”, a expliqué Sung Baik-you, porte-parole du comité d’organisation de Pyeongchang, à Reuters. “Nous connaissons la source du problème mais ce type de perturbation est fréquent durant les Jeux. Nous avons décidé avec le CIO de ne pas révéler la source [de l’attaque]”, a-t-il ajouté.
Même son de cloche du côté du comité olympique, pour qui “l’étiquette internationale préconise de ne pas parler d’une attaque”. Prudence, donc, sur le terrain des mots. Mais difficile, au vu du contexte, de ne pas tourner le regard vers la Russie.
Outre le fait que les Jeux se déroulent à 80 kilomètres de la frontière nord-coréenne, ce qui pourrait laisser supposer que le régime de Pyongyang soit derrière ses attaques malgré le matraquage du message de “réconciliation” entre les deux Corées, les regards se tournent plutôt vers Moscou.
Rappelons que toute la délégation olympique russe a été privée des Jeux quelques heures à peine avant la cérémonie d’ouverture suite à la révélation, dans le documentaire Icare, du système de dopage institutionnalisé entretenu entre 2011 et 2015 par le pays.
Quand on connaît la force de frappe informatique de la Russie à l’heure actuelle, le coupable semble tout trouvé. Et Moscou s’en doute, puisque le ministère des Affaires étrangères russe n’a pas tardé à réagir dans un communiqué aux dernières informations concernant l’attaque :
“Nous savons que les médias occidentaux préparent des pseudo-enquêtes pour dénicher des ’empreintes russes’ derrière les hacks des systèmes d’information des Jeux. Évidemment, aucune preuve ne sera apportée.”
Russie ou pas, ces attaques étaient préparées depuis longtemps, puisque l’entreprise de sécurité McAfee annonçait, le 8 janvier, avoir identifié une opération de piratage visant des organisations affiliées aux JO. Reste maintenant à savoir d’où viendra la prochaine, et quelle forme elle prendra.