Bugarach : Chronique d’un commencement sans fin (1/2)

Bugarach : Chronique d’un commencement sans fin (1/2)

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NEW YORK – NOVEMBER 25: Cheerleaders wave in formation on Central Park South near the beginning of the Macy’s Thanksgiving Day parade November 25, 2010 in New York City. This year’s annual parade features approximately 8,000 participants, 15 giant character balloons and 43 novelty balloons. (Photo by Chris Hondros/Getty Images)

Les prémices d’une histoire médiatique

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : l”avènement confirmé de l’info-entertainment. Une histoire de médias qui n’exclut pas les plus aléatoires : les réseaux sociaux. Puis les blogs. Puis les forums. A la télévision, les débats sont diffusés à 22h30, les émissions intellectuelles à 23h. Parce que le programme de 20h30 fera toujours plus d’audience. En période électorale, la politique a droit à la première partie de soirée mais même là, les échanges sont prévisibles. Les vrais gagnants : les médias du lendemain. Les uns nourrissent les autres et inversement. Le serpent qui se mort la queue. La routine.
Au quotidien, la différence entre les JT nationaux de TF1 et France 2 ? La cravate peut-être… Même chose pour le divertissement de masse. La Star Y vient ce soir au Grand Journal ? On sait d’avance qu’elle fera sa promo entre un live de 3 minutes et la question décalée de Daphné Burki :
“vous aimez faire la cuisine ? Alors on va voir ça. (public en délire) Est-ce qu’on peut apporter le petit plateau ?”  la Star délivrera sa recette fétiche. Ce sera le moment “fun” avec le coucou de Mouloud Achour.
Dans la rue, les manifestations. Le mariage homosexuel en première ligne. Les luttes anti-tout en seconde. Depuis 2 jours, une vidéo sur ces dernières inonde la toile :
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Le processus du buzz a inauguré un nouveau monde. L’extrême, le bizarre, la réaction instinctive aussi basique soit-elle font la plus forte des audiences. Dans ce contexte, le sujet Bugarach s’est propagé sur le web. Un effet boule de neige engrainé par l’intérêt croissant pour les excès et les décalages. Bugarach : un confession intime dans un village tout entier. C’était trop beau !

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Et Bugarach tombait à pic…

2010, le maire d’une petite ville craint “l’invasion des ésotériques”. Ces derniers qui croient à l’invasion des extraterrestres, multiplieraient les pèlerinages sur le Pech. Point culminant des Corbières aussi connu sous le nom de Pic de Bugarach. Jusque là plébiscité par les amateurs de randonnée, il attire les badauds en tous genres : les croyants et fanatiques ce qui est loin de faire rire le maire. Un article de La Dépêche publié le 31 décembre 2010 rapporte les propos déjà inquiets du maire Jean-Pierre Delord :

Il n’y a pas de quoi rire (…) Si demain 10 000 personnes débarquent, étant une commune de 200 habitants, nous ne pourrons pas faire face. J’ai fait part de nos inquiétudes aux autorités, et je veux que l’armée puisse être là si besoin est en décembre 2012.

L’armée rien que ça ! Alors qu’à cette époque, on ne sait pas encore tout à fait quel est le jour exact. Le 12 ? Le 21 ? Les deux dates s’affrontent jusqu’à ce que le fil de la rumeur pose la date du 21 décembre 2012. Le braise était lancée. Les médias attisant le feu de leurs papiers. Les copier-collers et la drôlerie du sujet en ont géré l’ampleur.
Le web a changé la donne journalistique. Cet outil exceptionnel qui file aussi vite que la pensée a dépassé le rythme de la recherche, le travail de base de tout reporter. Le temps pris pour poser ses sujets, trouver ses classiques 3 sources par papier plie face aux besoins de sortie exclusive. Une adaptation qui prend du temps mais qui s’inspire en attendant des infos incomplètes et de la confiance aveugle.
C’est ainsi que Bugarach, petite ville de l’Aude est devenue Capitale journalistique de cette fin d’année, assiégée depuis des semaines, réservée depuis des mois. Les Médias et les perdus s’y sont donnés rendez- vous. Les premiers pour trouver un sujet. Les second pour chercher un sens. Chacun ses raisons, chacun ses motivations plus au moins sincères. Ce qui compte c’est d’en parler, de faire monter la sauce. C’est bien plus simple que de dénouer les noeuds, et plus drôle à traiter aussi. Les peureux s’occuperont du reste.
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