Dans Gerontophilia – en salles le mercredi 26 mars – le réalisateur canadien Bruce LaBruce écrit, sans tabou et de manière soft, le fétichisme de la vieillesse. Et c’est plutôt réussi.
Changement de cap. On connaissait Bruce LaBruce, désigné pour être président de la Queer Palm 2014 à Cannes, pour ses films au contenu sexuellement explicite comme Hustler White (1996) ou The Raspberry Reich (2004), ses pornos, puis ses deux derniers films de zombies (pornographiques) : Otto ; or Up with Dead People (2008) et L.A. Zombie (2010) avec François Sagat, reconnus dans les milieux underground.
Avec Gerontophilia, le réalisateur canadien originaire de l’Ontario, plutôt apprécié à Berlin, a choisi, à 50 ans, de faire du cinéma autrement pour livrer un produit final plus réservé mais tout aussi transgressif et dans ses cordes fétichistes.
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Le sort de la vieillesse mis à nu
Outre, l’interprétation réussie de Pier-Gabriel Lajoie pour un premier rôle difficile à l’écran, la force de Gerontophilia réside dans sa façon de traiter le thème du grand âge. On est loin d’une vision misérabiliste de la vieillesse, et au contraire plutôt libératrice, qui dénonce à sa façon la surmédicamentation.
Le film fait la part belle au corps fripé, décrépi ou moribond, et lui rend grâce. Il pose également sur la table une très belle réflexion sur la sexualité dans les institutions pour personnes âgées. Un sujet très rarement abordé, voire bien souvent occulté, et qui montre la vieillesse sous un visage neuf, plus humain mais tout aussi fragile, qu’on a peu l’habitude de voir.
C’est bien joué, avec de belles captations notamment sur les hauteurs du Mont-Royal de Montréal. Beaucoup d’humour, de poésie aussi. La B.O plutôt rock a des tonalités Pixies. À noter, une scène un peu trash sous psychotropes. Mais après tout ça reste du Bruce LaBruce, et avec Gerontophilia le fétichisme est “dépathologisé”, sans choquer.