Des profs qui enseignent trois matières, les examens du bac et du brevet en juillet, la réduction du nombre d’épreuves au bac à seulement quatre ou encore le port de l’uniforme. Retour sur sept propositions du candidat Fillon pour l’Éducation nationale.
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François Fillon veut qu’on parle de son programme. Il n’en peut plus de ce “tribunal médiatique”, qui le “lynche et l’assassine politiquement”. Il n’en peut plus du PenelopeGate et du Canard enchaîné, il accuse la presse de faire du “spectacle”, au détriment du débat d’idées. Alors parlons-en de ses idées. Focus sur le programme du candidat de la droite en matière d’éducation. Fini les vacances en juillet, les dissert’ de philo pour les S et les cours en petit comité. On vous dit ce que sera l’école avec François Fillon.
“À chaque blocage de lycée, il y aura déblocage”
François Fillon a été ministre de l’Éducation nationale un peu plus d’un an, de 2004 à 2005, sous Jacques Chirac. Ceux qui avaient entre 15 et 20 ans à cette époque ne l’ont pas oublié. La loi Fillon avait été fortement contestée. Au programme: réduction des épreuves du bac à six au lieu de douze, suppression des travaux personnels encadrés, réhabilitation du redoublement, et habituelles restrictions budgétaires.
En février 2005, plus de 100 000 lycéens défilent dans les rues contre la réforme du bac. Face à l’ampleur des manifestations, il finit par envoyer des CRS dans les établissements scolaires en avril et déclare la guerre à ses jeunes opposants : “À chaque blocage de lycée, il y aura déblocage.” Vous êtes prévenus.
Dans son programme détaillé pour 2017, le candidat Les Républicains propose un système éducatif “à contre-courant de l’égalitarisme promu par la gauche”. Il prône une école “du mérite” et dit vouloir remettre “l’éducation morale” au cœur de l’école française. On ne sait pas bien ce qu’il entend par la morale. Employer sa femme et ses enfants et les rémunérer avec de l’argent public, est-ce moral ? Un bon sujet pour l’épreuve de philo. Vous avez quatre heures.
Le bac et le brevet au mois de juillet
François Fillon souhaite “allonger le temps scolaire réel” en programmant des épreuves du baccalauréat et celles du brevet au mois de juillet. Il dit dans son programme que les enseignants auront plus de temps pour finir leur programme (et aussi moins de vacances). Il ne parle pas de réduire le temps scolaire en semaine, juste de l’allonger sur toute l’année. En travaillant un mois de plus “les élèves apprendront plus et mieux”, dit-il. “L’argent public sera utilement dépensé”, promet-il. Il faut dire que François Fillon y connaît un rayon en matière de dépenses publiques.
Plus que quatre matières aux épreuves du bac
Actuellement, un lycéen passe une dizaine de matières obligatoires au baccalauréat, et jusqu’à deux épreuves facultatives. François Fillon veut réduire les épreuves à seulement quatre matières pour “renforcer les exigences de chacune d’entre elles”. Il estime qu’aujourd’hui les futurs bacheliers sont “dispersés”. Concrètement, si François Fillon est élu, il promet une épreuve de français en première passée début juillet et trois épreuves en terminale sur les matières dominantes de la série.
Exemple, si vous êtes en série S vous n’aurez plus d’histoire ni de philo. Juste des épreuves de maths, de physique et de sciences et vie de la terre. À l’inverse si vous êtes en L, inutile de savoir compter ou de comprendre comment fonctionne votre corps, vous n’aurez que du français, de l’histoire-géographie et de l’anglais. Pour les autres matières, vos professeurs “pourront” vous noter en contrôle continu. En somme, rien d’obligatoire.
Des profs multitâches
François Fillon veut supprimer 500 000 postes dans la fonction publique, et augmenter le temps de travail des fonctionnaires (dont les profs) à 39 heures. Du coup, si les profs s’en vont, qui va faire cours ? Les autres enseignants, spécialisés dans d’autres matières. “Par exemple, un seul professeur de sciences pourrait enseigner en 6e mathématiques, sciences de la vie et de la terre et technologie, un seul professeur pourrait enseigner le français et l’histoire-géographie ou bien le français et une langue”, argumente le candidat. Cependant, il n’explique pas comment un prof qui n’a jamais enseigné l’anglais pourra du jour au lendemain le faire sans aucune formation.
Uniforme pour tous
“Je veux une école du respect et de l’autorité, symbolisés par le port de l’uniforme”, a lancé François Fillon lors d’un discours de campagne à la primaire en septembre dernier. Dans son programme, il veut demander à chaque conseil d’administration des établissements “de se prononcer sur la tenue des élèves”. Pas d’obligation d’imposer l’uniforme mais aider les établissements qui le souhaitent à ce que leurs élèves “portent tous une même tenue pour créer entre eux une vraie communauté”, dit le candidat toujours vêtu d’un costard et d’une cravate.
Rétablir la note de vie scolaire
Ceux qui ont été au collège entre 2005 (date de la mise en place de la note de vie scolaire par le gouvernement de droite) et 2014 (suppression de la note de vie scolaire par le gouvernement socialiste) se souviennent du joli 18 qu’on pouvait avoir juste en disant bonjour, merci et en faisant signer ses absences par ses parents. Cette note magique avait été mise en place dans le cadre de la loi d’orientation de 2005. Elle évaluait l’assiduité et la ponctualité, le respect du règlement intérieur, la participation à la vie de l’établissement et l’obtention de l’ASSR ( épreuve de sécurité routière). Pour François Fillon, cette mesure permettra aux élèves de “respecter les autres, et d’abord les professeurs”.
Faciliter l’exclusion d’un élève
Le candidat de la droite veut faciliter l’exclusion d’un élève qui perturberait un cours ou ne respecterait pas les règles. Aujourd’hui, la circulaire sur l’organisation des procédures disciplinaires préconise un certain nombres de démarches avant d’exclure totalement un élève d’un établissement. “L’exclusion ponctuelle d’un cours ne peut être prononcée que dans des cas exceptionnels”, énonce la loi. Elle mentionne également que seule la décision d’un conseil de discipline peut mener à une expulsion définitive. Chose que veut supprimer François Fillon, en permettant “aux chefs d’établissement d’exclure les élèves les plus perturbateurs” et “de les confier à des établissements chargés de corriger leur comportement”.
Des cours magistraux en terminale
Huit ans après la grève contre les classes surpeuplées, François Fillon veut regrouper les classes de terminale dans des cours magistraux, pour “aider les élèves à acquérir plus d’autonomie dans la gestion de l’apprentissage de leurs savoirs”. Par exemple, le cours d’histoire-géo des classes de terminale littéraire, A, B et C sera assuré par un seul et unique professeur (qui sera peut-être même prof de français à la base) dans, on l’imagine, un amphithéâtre. Rappelons que dans les lycées, il n’y a pas d’amphi, juste des salles de classes. Mais, François Fillon n’explique pas dans son programme comment il poussera les murs.