Post Malone sort cette semaine son troisième album, Hollywood’s Bleeding, alors même que les deux précédents, Beerbong & Bentleys et Stoney, sont toujours dans le Top 40 du Billboard américain.
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L’artiste est vraiment devenu au fil des années la plus grande pop star du moment en mélangeant l’esprit Rock FM de Bon Jovi ou Mötley Crüe, le country folk sudiste à la Johnny Cash ou Willie Nelson et la trap d’Atlanta école Young Thug ou Future.
S’il fallait encore prouver sa toute-puissance actuelle, il suffit de remarquer que les titres déjà sortis de ce nouvel album ont déjà réalisé plus de 10 millions de ventes alors que l’album vient de sortir.
Parmi ceux-là, on peut noter l’incroyable succès de “Sunflower”, le morceau avec Swae Lee, extrait de la bande-originale du film Spider-Man : New Generation, qui est toujours dans le top 20, plus de huit mois après sa sortie.
Bref, Post Malone est l’un des artistes les plus écoutés du moment, tous ses morceaux font mouche et au fur et à mesure, il a créé son propre style musical, de plus en plus éloigné de celui de ses débuts. En grande partie réalisée par les habitués Louis Bell et Frank Dukes, la production d’Hollywood’s Bleeding est résolument plus rock.
Dès le premier morceau éponyme, la guitare est omniprésente et la ligne mélodique est de plus en plus emo. La rythmique trap du début du morceau fait place à une batterie lourde, presque métal, sur la fin.
Ce premier mashup donne le ton global du disque avec un curseur déplacé vers le rock indé sur des morceaux comme “Allergic” qui sonne comme une version électronique de The Hives ou encore “Circles” qui reprend les ballades des Smashing Pumpkins époque “1979”.
Sur “Internet”, Post Malone se permet même une sorte de mini-symphonie de deux minutes. L’artiste assure tout en accéléré pour aller directement à l’essentiel. Seule la composition électronique du rythme en mode trap reste le fil conducteur de la modernité de Post Malone. Le reste lorgne plutôt vers un melting-pot de tout le pop rock depuis les années 1990.
Les morceaux avec invités sont ceux qui restent les plus proches de l’ambiance rap de ses précédents disques. Avec Future, Meek Mill ou Young Thug, Post Malone arrive encore à jouer à l’équilibriste avec son timbre de voix particulier face aux meilleurs du genre. Le combo le plus impressionnant reste celui avec Dababy sur le sautillant “Enemies”, une déflagration unique avec la star montante du moment, entre gangsta rap, mélodie enveloppante et humour bien senti.
Et la définition du pop rock moderne prend la forme d’un incroyable trio Post Malone, Travis Scott et Ozzy Osborne. Toujours un gros riff qui lie l’ensemble, une batterie programmée trap, le mélanges des trois voix iconiques, des ponts de guitare sèche et un solo sans fin : le style si particulier de Post Malone se retrouve entièrement dans ce titre. Comme une version postmoderne de “Nothing Else Matters” de Metallica, quasiment 30 ans après.
La magie de Post Malone est assez difficile à déchiffrer, elle parait innée, composée de millions d’influences que l’on connait déjà. Elle résonne en nous comme si elle avait toujours été là et c’est en partie ce qui explique son omniprésence dans les charts actuels.
Avec Hollywood’s Bleeding, Post Malone continue d’explorer un son unique fait de tous les autres, sans que ce soit la cacophonie. Plus puissant que Beerbong & Bentleys, fourmillant d’idées là où on le voyait en roue libre, ce nouvel album offre vraiment la meilleure version possible de toutes les facettes du chanteur.
Sa voix éraillée et sa mélancolie lancinante sont le fil conducteur d’un nouveau style musical qui prend vraiment son envol sur ce troisième album. Post Malone est naturellement populaire. Ici, sans chercher à faire de tubes parfaits, il réalise la bande-son pop contemporaine sans verser dans la soupe. Le Michael Jackson de la génération Game Of Thrones.