Attentat de Manchester : le Royaume-Uni remercie ces deux sans-abri héroïques

Attentat de Manchester : le Royaume-Uni remercie ces deux sans-abri héroïques

Stephen Jones : “Ce n’est pas parce que je suis à la rue que je n’ai pas de cœur”

À 35 ans, Stephen Jones est sans-abri depuis près d’un an et la perte de son emploi de maçon. Lundi 22 mai à 22 h 30, il dormait près du Manchester Arena, quand il fut réveillé par une explosion. Il a d’abord pensé à un feu d’artifice, a-t-il confié à la chaîne ITV News, avant de se précipiter sur les lieux de l’attentat. Il raconte avoir agi “à l’instinct” et décrit une scène d’horreur glaçante. Il y avait beaucoup d’enfants couverts de sang, en train de pleurer, de crier. Nous avons dû retirer des clous de leurs bras et même du visage d’une petite fille.”
Stephen Jones se remémore une scène de panique, avec des mères “hystériques” tentant de retrouver le corps de leur enfant “sans vie”. “Ce sont les cris que je n’arrive pas à oublier et l’odeur… Je n’aime pas le dire mais ça sentait la chair brûlée.” Qualifié de “héros” sur les réseaux sociaux, ce sans-abri raconte simplement son geste :

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“Ce n’est pas parce que je suis à la rue que je n’ai pas un cœur et que je ne suis pas un humain. Ces victimes avaient besoin d’aide, et j’espère que quelqu’un me viendrait en aide si j’en avais besoin. Je ne serais pas capable de me regarder en face si je n’avais pas aidé et si j’avais laissé des enfants comme ça.”

Chris Parker : “Au lieu de m’enfuir, mon instinct m’a poussé à courir et essayé d’aider”

Chris Parker a 33 ans. Sans domicile fixe, il faisait la manche à proximité de la Manchester Arena. Il raconte à l’agence de presse Associated Press avoir vécu la pire nuit de sa vie. “J’ai entendu un boum et une seconde après, j’ai vu un éclair blanc puis de la fumée et j’ai entendu crier, raconte-t-il. Ça m’a collé au sol, ensuite, je me suis relevé et au lieu de m’enfuir, mon instinct m’a poussé à courir et essayer d’aider.”
Chris Parker se rappelle “des gens allongés par terre un peu partout” : “J’ai vu une petite fille… Elle n’avait plus de jambes. Je l’ai enveloppée dans un T-shirt et je lui ai demandé : ‘Où sont ta maman et ton papa ?’. Elle a répondu : ‘Mon papa est au travail et ma maman est là-haut.'” Ému, il raconte avoir également tenté de réconforter une femme, peu de temps avant qu’elle ne succombe à ses blessures : “Elle est morte dans mes bras. Elle avait une soixantaine d’années et m’a dit qu’elle était venue avec sa famille.”
À la suite des nombreux articles publiés sur les deux héros de Manchester, des appels aux dons ont été lancés pour les aider. Hier soir, plus de 9 400 livres sterling (10 890 euros) avaient été réunis pour Stephen Jones et plus de 10 000 livres (11 600 euros) pour Chris Parker, que Michael Johns, initiateur de la collecte pour le sans-abri, qualifie sur le site de dons comme l'”une des personnes les plus vulnérables dans notre société, qui a fait preuve de beaucoup d’altruisme et de courage”.