En Argentine, des dizaines de milliers de femmes manifestent contre les féminicides

En Argentine, des dizaines de milliers de femmes manifestent contre les féminicides

Image :

Des jeunes femmes organisent un happening lors de la manifestation du 19 octobre à Buenos Aires pour alerter sur le phénomène des “féminicides” dans le pays, ces meurtres qui visent seulement les femmes (© Capture d’écran RTS Info)

Après le viol et le meurtre sauvage d’une adolescente en Argentine, le mouvement Ni Una Menos se réunit pour protester contre les violences faites aux femmes.

À voir aussi sur Konbini

En Argentine, une femme est tuée sous les coups de son compagnon toutes les 36 heures. Une situation inacceptable dans un des pays les plus développés d’Amérique latine. Mercredi 19 octobre, des centaines de femmes ont manifesté sur la place de Mai à Buenos Aires pour protester contre ces violences qui ne visent que les femmes.

Des dizaines de milliers de personnes se sont réunies ce jour-là pour dénoncer avec force le meurtre de Lucia Pérez, 16 ans, à Mar Del Plata, qui a été droguée, violée, torturée et est finalement morte de douleur. “Un acte d’agression sexuelle inhumain” comme le dépeint María Isabel Sánchez, procureure en charge de l’affaire. Comme Big Browser le relève, elle a ajouté :

“Je suis une mère et une femme. J’ai beau avoir travaillé sur des milliers de crimes dans ma carrière, je n’avais jamais rien vu de tel.”

Le cri de ralliement de ces indignées : “Ni una menos” (“Pas une de moins”), également le nom du collectif d’associations qui pilote la manifestation – et une formule devenue virale avec sa version déclinée en hashtag : #NiUnaMenos, ainsi que .

Chargement du twitt...

“Je suis à moitié nu, entouré par le sexe opposé et je me sens en sécurité, pas intimidé. Je veux la même chose pour elles.”

Cette manifestation pour que stoppent les violences faites aux femmes ne concerne pas que l’Argentine et a retenti hors de ses frontières. En Uruguay, au Chili, au Paraguay, au Salvador, au Mexique et en Espagne, d’autres rassemblements ont eu lieu, réunissant des centaines de personnes à chaque fois.

Chargement du twitt...

“Le cas de Lucia Pérez a servi de détonateur pour réclamer justice pour toutes les femmes qui souffrent de la violence machiste”, a expliqué à l’AFP une manifestante de Buenos Aires. À Barcelone et Madrid, le mot d’ordre était : “Combien faut-il de Lucia Pérez avant que vous arrêtiez de dire qu’on exagère ?”

La présidente du Chili s’engage

Pour témoigner son soutien au mouvement et dire la détresse des femmes, la présidente du Chili, pays voisin, Michelle Bachelet, a partagé une vidéo sur Twitter :

Chargement du twitt...

Elle explique que des cas de violences similaires dans son propre pays “[l’]ont conduite à rejoindre Ni Una Menos, le mouvement né en Argentine, qui exprime la frustration ressentie par [ses] compatriotes à propos des violences commises envers les femmes et les jeunes filles”.

“féminicide”

Pour le collectif Ni Una Menos, le 19 octobre a marqué la cinquième manifestation depuis le début de l’année : le taux alarmant de meurtre de femmes oblige les femmes d’Argentine à se fédérer pour faire entendre leur voix.

Ni Una Menos a été fondé par des militantes et intellectuelles d’Argentine après le meurtre de la poétesse et militante des droits de l’homme Susana Chávez, et tire son nom d’un vers qu’elle a écrit : “Ni una muerta más” (“Pas une morte de plus”).

Signe de la situation alarmante, le terme “féminicide” est d’ailleurs inscrit dans la Constitution argentine depuis 2012. D’après l’ONG Casa Del Encuentro, une association de défense des femmes, il se définit comme tel : “Une des formes les plus extrêmes de violences faites aux femmes, c’est l’assassinat d’une femme par un homme qui la considère comme sa propriété.”

En juin 2015, 200 000 personnes s’étaient réunies pour protester contre les meurtres, mais aussi les simples violences à l’encontre des femmes. D’après les statistiques officielles de l’État, Lucia Pérez est la 226e victime de féminicide en Argentine pour la seule année 2016. Comme Big Browser le signale, ces chiffres sont considérés comme bien en dessous de la réalité.