L’entreprise fondée à Los Angeles en 1989 par Dov Charney vient d’être rachetée par une société canadienne.
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La nouvelle est loin d’être surprenante. Comme le rapportait récemment Le Figaro, American Apparel ne réalise plus aucun profit depuis 2010 et croule aujourd’hui sous une dette cumulée de 177 millions de dollars (167 millions d’euros), que l’éviction de son controversé fondateur Dov Charney en 2014 n’a pas permis de combler. Malgré ces difficultés financières, l’entreprise a encore de quoi séduire.
Le géant du T-shirt made in US a en effet été mis aux enchères en début de semaine dernière aux États-Unis, suscitant l’intérêt de plusieurs acquéreurs potentiels dont le géant Amazon, la société Next Level et la chaîne de textile Forever 21. Mais la firme a finalement été rachetée par une société de vêtements de sport canadienne, Gildan, pour la modique somme de 88 millions de dollars américains (soit environ 83 millions d’euros). Une bonne nouvelle pour la maison American Apparel ? Pas si sûr.
Toujours selon Le Figaro, si Gildan compte bien reprendre les droits de la marque, les stocks, ainsi qu’une partie des outils de fabrication des usines d’American Apparel, elle n’envisage pas de reprendre les baux des unités de fabrication et de distribution, ni les 227 magasins présents dans 19 pays à travers le monde (qui devraient ainsi fermer un à un). Gildan ne compte pas non plus proposer d’e-shop. D’ailleurs, depuis plusieurs semaines, il n’est plus possible de commander en ligne sur americanapparel.fr.
L’héritage “made in US” plus qu’incertain
Surtout, comme le rappelle aujourd’hui Dazed, les usines d’AmAP, exclusivement basées à Los Angeles, employaient jusqu’à 3 500 personnes, dont la majorité était immigrée. S’il a fait l’objet de nombreuses polémiques, Dov Charney, un personnage aussi fascinant qu’énigmatique, s’était aussi fait le fervent défenseur de ses ouvriers. “American Apparel a toujours clamé haut et fort que les personnes qui travaillaient dans ses usines étaient les mieux payées du monde – avec un salaire qui pouvait potentiellement atteindre les 30 000 euros par an”, souligne Dazed, qui poursuit :
“Les employés recevaient également des ‘soins de santé complémentaires’, et avec une main-d’œuvre principalement latino, l’entreprise était devenue la championne de la réforme de l’immigration, en se battant pour changer un système qui selon elle, ‘dépossédait les immigrés de leurs droits et de leur dignité’.
American Apparel était aussi très engagée auprès de la communauté LGTB, qu’elle a notamment défendue grâce à la création de ses fameux T-shirts “Legalize Gay”, qui s’opposaient ouvertement à la proposition de loi antimariage gay Prop-8.”
L’année dernière, AmAp avait suscité l’admiration grâce à son message anti-Trump “Make American Gay Again”, estampillé sur de nombreux produits. Un engagement politique fort, dont le flambeau ne risque pas d’être repris par Gildan. Comme l’expliquait Reuters le 10 janvier dernier, près de 90 % des 42 000 employés de cette firme canadienne sont basés dans “des pays low-cost de l’Amérique centrale et des Caraïbes ; les seuls vêtements conçus par l’entreprise sur le sol américain sont des chaussettes”.