“L’intérêt du cinéma, c’est de travailler sur l’empathie et l’écoute, et grâce à Ouvrir la voix, des gens vont écouter des femmes noires parler pendant deux heures pour la première fois de leur vie. Pour beaucoup, ça ne leur était jamais arrivé avant.”
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“Où est l’Afrique ?”
L’utilité de son travail s’est vérifiée jusqu’au traitement journalistique d’Ouvrir la voix. Le 20 octobre, Amandine Gay a publié un thread sur Twitter expliquant pourquoi elle ne souhaitait “plus apparaître dans la rubrique ‘Afrique’ des grands quotidiens/magazines français” :
1) Je suis fière d'être Afro-descendante et Noire mais je suis FRANÇAISE. Pas nationaliste, mais légaliste, je suis née sous X en France.
— Amandine Gay (@OrpheoNegra) 20 octobre 2017
2) Je suis réalisatrice et la première femme noire FRANÇAISE qui autoproduit, réalise, distribue et assure la communication de son film.
— Amandine Gay (@OrpheoNegra) 20 octobre 2017
3) Mon 1er long métrage documentaire sort en sortie nationale en France, Suisse, Belgique et au Canada: où est l'Afrique?!!!
— Amandine Gay (@OrpheoNegra) 20 octobre 2017
4) Je suis une artiste et mon film doit être chroniqué dans les rubriques CULTURE et CINÉMA.
— Amandine Gay (@OrpheoNegra) 20 octobre 2017
Pas dans la rubrique AFRIQUE!
5) J'ai accepté une fois l'hiver dernier car la journaliste du #MondeAfrique est une femme noire et une amie.
— Amandine Gay (@OrpheoNegra) 20 octobre 2017
6) Pour la sortie nationale du 11 octobre et comme il se doit, c'est @lemonde_culture qui a chroniqué le film.
— Amandine Gay (@OrpheoNegra) 20 octobre 2017
Poussée “à la périphérie du cinéma, à la marge”
La réalisatrice souligne à quel point le traitement médiatique de son film est précisément l’une des manifestations du racisme ordinaire et intégré qu’elle dénonce dans Ouvrir la voix. Une invisibilisation et une marginalisation des femmes noires, à qui on refuse symboliquement la nationalité française — tout en ayant du mal à admettre que ce problème appartient bien à notre société, et qu’il relève de notre responsabilité.
7) Quand on ne me demande pas de débattre du film de Kathryn Bigelow alors que le mien est sorti le même jour, sans moyens et dans 10 salles
— Amandine Gay (@OrpheoNegra) 20 octobre 2017
8) On me pousse à la périphérie du cinéma, à la marge et on me renvoie à l'Afrique, car je ne suis pas une Auteure, moi, juste 1 Noire.
— Amandine Gay (@OrpheoNegra) 20 octobre 2017