Airbnb propose des locations dans les Territoires palestiniens occupés

Airbnb propose des locations dans les Territoires palestiniens occupés

Le site de location Airbnb propose des maisons dans des colonies israéliennes en Cisjordanie, considérées illégales par la communauté internationale.

À voir aussi sur Konbini

“La nature à son meilleur.” Pour 66 euros par nuit, via Airbnb, vous pouvez vous offrir le luxe d’un appartement situé au bord du désert de Judée, dans une petite communauté israélienne en pleine nature. Petit souci : techniquement, la maison que vous allez louer n’est pas légale, tout comme les territoires sur lesquels elle se trouve. Car cette annonce de location d’appartement – parmi bien d’autres – propose aux utilisateurs d’Airbnb de venir passer un week-end dans les Territoires palestiniens occupés de Cisjordanie, dans lesquels l’état d’Israël a édifié des colonies. Des colonies considérées comme illégales par la communauté internationale.

Le site, qui décrit les colonies de Tekoa, Nofei Prat, Ma’ale Adumim et Kfar Eldad comme situées en Israël, commet donc une bourde manifeste en allant à l’encontre des statuts officiels, notamment la résolution 446 des Nations unies, adoptée en 1979, qui considère que “les pratiques israéliennes consistant à établir des colonies de peuplement dans les Territoires palestiniens (…) n’ont aucune validité en droit et font gravement obstacle à l’instauration d’une paix générale au Moyen-Orient.” Repérées par  le Times of Israel, ces offres, qui vont du luxueux cottage au préfabriqué posé sur une colline, ne font aucunement mention du léger détail de leur situation géographique et géopolitique. Pourtant, elles se trouvent bien en Palestine, un pays reconnu officiellement par 135 pays de l’Onu.

“À 15 minutes de voiture de Jérusalem”

Une enquête exhaustive menée par le site Web de gauche israélien +972 Magazine explique comment certaines de ces locations, qui se présentent parfois comme “un bel endroit dans le désert de Judée… à 15 minutes de voiture de Jérusalem”, sont en réalité des sortes de caravanes à peine connectées aux réseaux d’électricité, dans des colonies entièrement peuplées de juifs israéliens, protégées par l’armée et enclavées au sein d’un territoire ennemi.

Plus troublant, lorsque le journaliste de +972 Magazine a tenté de louer certains appartements en se faisant passer pour un Américain d’ascendance palestinienne prénommé Haled, il n’y est (presque) jamais parvenu, la majorité des hôtes ne lui répondant tout simplement pas. Les plus ouverts évoqueront “la situation politique très sensible ici”, l’un d’entre eux lui écrivant même “j’espère que nous pourrons être amis dans une autre vie”. La seule fois qu’un hôte accepte sa réservation, dans la colonie de Tekoa, il prend soin de lui préciser qu’il “devra subir un contrôle de sécurité spécial à l’entrée”, en espérant que “ça ne (le) dérange pas”.

Après les protestations, Airbnb ouvre une enquête

La découverte de ces offres de location a déclenché une vague de protestations du côté palestinien, qui a appelé Airbnb à faire immédiatement disparaître ces annonces. Selon Husam Zomlot, responsable de la diplomatie palestinienne cité par l’AFP, “Airbnb tire illégalement des profits de l’occupation (israélienne)”. La compagnie américaine prend effectivement 3 % des frais de location aux hôtes, et de 6 à 12 % sur la facture des locataires.

Pour Omar Barghouti, le cofondateur de la campagne “Boycott, désinvestissement, sanctions” (BDS), récemment condamnée par Manuel Valls, “Airbnb doit immédiatement exclure toutes les colonies israéliennes de ses offres pour se plier aux obligations du droit international”. Le site a pour sa part annoncé une enquête sur “les inquiétudes soulevées au sujet de certains référencements”, relève Rue89, alors que ce sont les utilisateurs eux-mêmes qui choisissent comment référencer géographiquement leur annonce. Aujourd’hui, les 135 colonies israéliennes en Cisjordanie abritent plus de 400 000 personnes.