Jusqu’à ce vendredi, le président Yahya Jammeh refusait de céder le pouvoir à son adversaire Adama Barrow, pourtant vainqueur de l’élection présidentielle gambienne de décembre dernier. Des troupes africaines sont même entrées dans le pays, prêtes à l’en chasser.
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La Gambie est plongée dans une grave crise politique. Ce jeudi, le président nouvellement élu de ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, Adama Barrow, n’a pas pu prêter serment dans son pays. Il l’a fait au Sénégal, dans les murs de l’ambassade de Gambie à Dakar. Sa victoire, obtenue le 1er décembre 2016 au suffrage universel avait pourtant été rapidement reconnue par la communauté internationale, mais aussi et surtout par son adversaire, le président sortant Yahya Jammeh, au pouvoir depuis vingt-deux ans.
Sur son compte Twitter, le président Adama Barrow, a posté une photo de son investiture, écrivant : “C’est une victoire pour la nation gambienne. Notre drapeau national flottera parmi les drapeaux des pays les plus démocratiques du monde #Gambie”
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Retournement de situation
Alors que le monde entier se réjouissait du fait qu’un dictateur africain accepte de céder le pouvoir sans un bain de sang, Yahya Jammeh a fait volte-face une semaine après l’élection, décidant que, finalement, non, son opposant, candidat du Parti démocrate unifié (PDU) ne serait pas président. Yahya Jammeh, qui a pris le pouvoir en 1994 à la suite d’un coup d’État, a donc choisi de rejeter les résultats de l’élection et de demander l’organisation d’un nouveau scrutin.
Mais la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ne l’a pas entendu de cette oreille. Composée de 15 états membres dont la Gambie, le Sénégal, le Mali et le Nigéria, la Cédéao a mis la pression au dictateur pour qu’il quitte calmement le pouvoir. D’autres pays, comme le Maroc, ont déclaré mener “une médiation discrète et de la dernière chance” avec le pouvoir gambien. Le Maroc à même indiqué être prêt à accueillir l’ancien président si ce dernier voulait s’exiler.
Depuis jeudi, des soldats (principalement sénégalais et nigérians) de la Cédéao sont entrés en Gambie, et se tenaient prêts à intervenir pour mettre Yahya Jammeh dehors. Ils devaient normalement agir dès la fin de la prestation de serment du nouveau président Adama Barrow, mais la Cédéao a décidé de stopper l’avancée des soldats, afin de laisser une dernière chance à l’ancien président. Une ultime tentative de médiation, pour éviter à tout prix une nouvelle intervention armée en Afrique. Depuis début janvier, près de 45 000 personnes ont fui la Gambie à cause de cette tension politique, pour aller, pour la plus grande partie d’entre eux, au Sénégal.
Il faut savoir que les relations entre la Gambie et le Sénégal ont toujours été compliquées. La Gambie, forte de seulement quelque 2 millions d’habitants, est un long territoire enclavé dans le Sénégal (14 millions d’habitants). Le professeur Jean-Claude Marut, chercheur associé au CNRS, précise ainsi à France 24 :
“Les relations sont compliquées entre les deux pays depuis longtemps, et ce même avant l’arrivée au pouvoir de Yahya Jammeh […]. L’un des objectifs de Dakar est de faire disparaître, à terme, l’enclave gambienne. […] Cette volonté hégémonique est mal ressentie et a renforcé le nationalisme gambien. […] Les Sénégalais ont tout intérêt à travailler avec le nouveau pouvoir gambien pour resserrer les liens et aller dans le sens d’une unification ou d’une nouvelle confédération.”
Mais une fin heureuse à cette crise politique semble enfin avoir été trouvé ce vendredi soir. Sur son compte Twitter, le président récemment élu Adama Barrow, a écrit que le président sortant aurait accepté de quitter la Gambie. “J’aimerais vous informer du fait que Yahya Jammeh a accepté de se retirer. Il a prévu de quitter la Gambie ce soir“.
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