Un rapport du ministère de l’Intérieur rendu public ce jeudi 25 janvier montre les effets de l’affaire Weinstein sur la libération de la parole des victimes de violences sexuelles en France. Fin 2017, les plaintes pour agressions sexuelles ont ainsi connu une “nette hausse”.
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(© Julie Brouant)
Ce 25 janvier, le ministère de l’Intérieur a publié son premier bilan statistique, “Insécurité et délinquance en 2017”. Réalisé par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), il montre une “nette hausse” des viols et autres agressions sexuelles rapportés l’année dernière aux forces de l’ordre : respectivement +12 % et +10 %.
Cette hausse est “très nette” à la fin de l’année : +31,5 % de plaintes pour agressions sexuelles autres que les viols ont été enregistrées par rapport au quatrième trimestre 2016. “On peut y voir un effet de révélation aux forces de sécurité de faits éventuellement plus anciens, dans le contexte du mouvement de prise de parole des femmes suite aux révélations de l’affaire Weinstein”, note le rapport.
Le ministère de l’Intérieur met toutefois en garde sur l’interprétation de ces statistiques. Rappelant que seulement 8 % des victimes portent plainte selon l’enquête Virage (Violences et rapports de genres) réalisée par l’Institut national d’études démographiques (Ined) en 2015, il souligne que les données présentées “ne traduisent qu’une faible part du phénomène réel”.
Le nombre de viols rapportés aux forces de l’ordre a en tout cas également connu une hausse “diffuse” tout au long de l’année, et une progression plus marquée au quatrième trimestre (+18 % par rapport à la même période en 2016), “pour des délits plus difficiles à révéler”, souligne le ministère.
Les victimes très majoritairement des femmes, et les auteurs des hommes
En 2017, ce sont au total 16 400 personnes qui ont été enregistrées comme victimes de viols par la police et la gendarmerie en France métropolitaine, dont 87 % de femmes. Et les crimes se sont produits dans la sphère intrafamiliale pour 31 % des victimes.
Il s’agit presque exclusivement du conjoint ou de l’ex-conjoint pour les majeur·e·s – pour la grande majorité, des femmes. Au total, les viols conjugaux touchent 17 % des victimes femmes, et 2 % des victimes hommes.
En 2017, les dépôts de plaintes pour harcèlement sexuel ont également augmenté de 27 % (passant de 1 300 à 1 650 plaintes). Cette forme de violence sexuelle représente environ 7 % des agressions sexuelles, et touche les femmes dans 9 cas sur 10. En tout, 24 000 victimes d’agressions sexuelles ont été enregistrées par les forces de l’ordre, et là encore, ce sont très majoritairement des femmes (84 % des cas).
Quant aux auteurs, le rapport souligne que l’année dernière, les personnes mises en cause pour des crimes ou des délits de violences sexuelles ou de harcèlement sexuel étaient “quasiment tous des hommes”. Qui se répartissaient dans presque toutes les tranches d’âge : 10 % des auteurs avaient moins de 13 ans, et 7 % plus de 60 ans.