D’après L’Obs, Adama Traoré aurait eu à subir le poids de trois gendarmes lors de son interpellation, conduisant à son asphyxie.
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Petit à petit, le jour se fait sur les circonstances du décès d’Adama Traoré. D’après des informations recueillies par L’Obs et publiées samedi 30 juillet, Adama Traoré a bel et bien connu une altercation physique avec les gendarmes lors de son interpellation à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise). Devant les enquêteurs, les trois fonctionnaires ont déclaré ne pas lui avoir porté de coup, mais concèdent : “Nous avons employé la force strictement nécessaire pour le maîtriser.”
Ils admettent également un fait important :
“Il a pris le poids de nos corps à tous les trois au moment de son interpellation.”
Pour l’avocat aujourd’hui saisi par la famille, Yassine Bouzrou, voilà la situation à présent :
“Nous avons un individu seul face à trois personnes qui reconnaissent avoir fait usage de la force. Et contrairement aux allégations avancées publiquement par le procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, Adama Traoré avait une santé normale selon ses proches. Les expertises l’affirment, il est bien décédé d’une asphyxie. […] Les gendarmes se sont mis à trois sur lui pour l’écraser, ça peut faire un poids autour de 240 kilos.”
“Syndrome asphyxique”
Le magistrat relève que les expertises font état de lésions sur le front et le cou d’Adama Traoré. Celles-ci ne sont pas à l’origine de la mort du jeune homme puisque la contre-expertise demandée par la famille du défunt n’a mis en évidence “aucune trace de violences susceptibles d’expliquer le décès”. Cependant, selon Yassine Bouzrou, elles dénotent “un contexte de violence, d’altercation lors de [l’]interpellation”.
Vendredi 29 juillet, Yves Jannier a indiqué qu’il n’y aura pas de troisième autopsie sur le corps d’Adama Traoré. Lors de la première autopsie du jeune homme de 24 ans, les légistes de l’Institut médico-légal de Garches (Hauts-de-Seine) ont mis au jour une “infection très grave, touchant plusieurs organes”. Elle n’était pas mentionnée dans le deuxième rapport, qui concluait à une mort par syndrome asphyxique.
D’après Le Monde, deux enquêtes sont menées parallèlement par la section de recherches et l’inspection générale de la gendarmerie. Pour la famille, c’est sûr : les gendarmes sont responsables de la mort de leur proche.
Beaumont-sur-Oise dans le New York Times
L’écho de cette affaire résonne jusque de l’autre côté de l’Atlantique : le New York Times consacre un édito au décès d’Adama Traoré. Le quotidien trace un lien entre le mouvement américain Black Lives Matter, désormais décliné en France, et la mort de Zyed et Bouna, qui a conduit de nombreux quartiers défavorisés sur le chemin des émeutes en novembre 2005. Extrait :
“Malheureusement, les attaques terroristes n’encouragent pas le gouvernement français ni les législateurs à demander des comptes à la police pour ses abus envers les minorités africaine et nord-africaine.”