Emboîtant le pas à la Nouvelle-Zélande, l’Inde a décidé de doter le Gange et la Yamuna du statut de personnalité juridique pour mieux les préserver.
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La semaine dernière, le fleuve néo-zélandais Whanganui, considéré comme sacré par les Maoris, entrait dans l’histoire en devenant le premier élément naturel à recevoir la qualité “d’être vivant unique”. Un statut de personnalité juridique signifiant que le fleuve, comme une personne physique, peut désormais être défendu dans des procédures judiciaires. Il semblerait que l’initiative ait inspiré l’Inde, qui vient à son tour de doter du même statut l’emblématique Gange et la rivière Yamuna, situés dans le nord du pays.
Une décision impulsée par la haute cour de l’État himalayen de l’Uttarakhand, qui a décrété le 20 mars que le Gange et la Yamuna – sacrés pour les hindous, qui y pratiquent notamment des rites culturels et religieux – seraient désormais considérés comme des “entités vivantes ayant le statut de personne morale”, avec les droits attenants.
Préserver une nature menacée par la pollution
Comme dans le cas du fleuve Whanganui en Nouvelle-Zélande, il s’agit de prendre une mesure forte et symbolique pour préserver un environnement de haute importance spirituelle. En effet, le Gange et la Yamuna (l’un de ses affluents) font partie des sept rivières sacrées de l’Inde. Les hindous font leurs ablutions et dispersent les cendres de leurs défunts dans le Gange, qui possède la vertu de purifier le corps des vivants et de libérer l’âme des défunts.
Cependant, ces deux rivières sont lourdement polluées par les rejets industriels ou par les égouts, sans parler des restes de milliers de cadavres d’humains et d’animaux. À ce titre, le Gange est parfois considéré comme le fleuve le plus pollué au monde, et il a été classé en 2008 parmi les dix fleuves les plus menacés sur Terre par la WWF. Sa pollution est 3 000 fois supérieure aux recommandations de l’OMS. Selon certains chiffres, la capitale New Delhi déverse quotidiennement dans la Yamuna 250 000 mètres cubes d’eaux usées domestiques et 20 000 mètres cubes d’eaux usées industrielles.
Aussi, la reconnaissance du statut juridique de ces deux cours d’eau permettra à des citoyens de saisir la justice au nom de ces fleuves sacrés pour demander leur protection. “Nous ne pouvons qu’espérer que la symbolique de cette décision se concrétise sur le terrain“, a déclaré à l’AFP Sanjay Upadhyay, avocat spécialisé dans la défense de l’environnement à New Delhi.