Baisse dans les sondages, refus d’alliance de Mélenchon, Valls qui vote Macron, Cambadélis qui ne défend pas son camp et élus socialistes qui rejoignent En Marche !… À trois semaines du premier tour, Benoît Hamon semble plus isolé que jamais.
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À trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, Benoît Hamon peine à rassembler la gauche, plus que jamais divisée. Pris dans la tenaille Macron/Mélenchon, le vainqueur de la primaire de la gauche voit sa campagne s’amoindrir à mesure que les jours passent. Le candidat socialiste stagne à 10 % dans les sondages, à la quatrième place derrière Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon.
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Baisse dans les sondages
Doté de 28 % d’opinions positives aux côtés d’Emmanuel Macron le 2 février dernier, à la suite de sa victoire à la primaire de la gauche, le candidat socialiste devançait alors Jean-Luc Mélenchon de 3 points. Mais presque deux mois plus tard les tendances se sont inversées. Benoît Hamon récolte aujourd’hui seulement 10 % des intentions de vote, alors que le candidat de la France insoumise le dépasse de 5 %.
L’ascension de Jean-Luc Mélenchon, plus convaincant qu’Hamon lors du grand débat du 20 mars, pourrait jouer des tours à Hamon. En effet les deux candidats de gauche disposent d’un électorat commun, qui pourrait se tourner vers le candidat de la France insoumise au moment du vote. En cause, l’étiquette PS de Benoît Hamon qui lui colle à la peau et en fait un héritier de François Hollande, même s’il s’en défend. À noter que parmi les 10 % qui déclarent voter Hamon dans trois semaines, seulement 62 % se disent sûrs de leur choix.
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Valls le lâche et annonce qu’il votera Macron
Le 29 mars, Manuel Valls annonce au micro de Jean-Jacques Bourdin, sur BFMTV, qu’il votera pour Emmanuel Macron, abandonnant le candidat socialiste au profit de celui d’En marche !, alors qu’il avait pourtant juré de soutenir le vainqueur de la primaire, à l’issue de sa défaite du 29 janvier. Benoît Hamon a appelé le PS à “sanctionner” l’ancien Premier ministre pour ne pas avoir respecté sa parole.
Dimanche dernier sur France 2, Benoît Hamon avait pressenti cette trahison, dénonçant des “coups de couteau dans le dos”, plantés par des “caciques qui veulent rester au pouvoir” et avec qui il “n’aurait pas gouverné”. “On m’annoncerait même la semaine prochaine une mise à mort avec le ralliement de Manuel Valls à la candidature d’Emmanuel Macron”, avait-il lâché.
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Mélenchon refuse de s’allier avec lui
Aussitôt, Benoît Hamon demande une énième fois à Jean-Luc Mélenchon de le rejoindre. Le candidat socialiste a appelé le candidat de la France insoumise ainsi que les communistes à “unir leurs forces aux (s)iennes”. “Je vous demande en même temps de tourner la page de cette vieille politique, de tourner le dos à ces politiciens qui ne croient plus en rien et qui vont là où le vent va, au mépris de toute conviction”, a-t-il ajouté, lançant au même titre quelques piques à Manuel Valls.
Mais Jean-Luc Mélenchon tient sa position et a annoncé hier soir, lors d’un meeting au Havre, qu’il n’allait “céder à rien”. “Je ne vais pas commencer aujourd’hui à faire le contraire ou à m’engager dans je ne sais quel arrangement qu’on me suggère de faire”, a-t-il lancé à la foule. Il a tout de même assuré “ne pas être en compétition” avec Hamon, avant d’ajouter “que la fermeté du caractère et la décision n’empêchent pas de dire ‘bienvenue’ à ceux qui veulent prendre place dans nos rangs, avec nous”, sans “qu’ils ne demandent rien”.
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Des élus socialistes soutiennent Macron
Même si certains socialistes ont soutenu Benoît Hamon lorsque Manuel Valls a annoncé donner son vote à Emmanuel Macron – en qualifiant l’ancien Premier ministre de “minable”, de “sans honneur” et de “traître” –, rappelons que beaucoup d’élus socialistes ont déjà rejoint les rangs d’En marche !.
Ainsi, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a annoncé son soutien à Emmanuel Macron, tout comme Barbara Pompili (ex-secrétaire d’État chargée de la biodiversité), Nicole Bricq (ancienne ministre du commerce extérieur), Gérard Collomb (sénateur-maire de Lyon), Richard Ferrand (député du Finistère), Arnaud Leroy (député des Français de l’étranger), et de très nombreux autres.
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Cambadélis ne prend pas sa défense
Le premier secrétaire du Parti socialiste avait annoncé le 20 mars que les élus qui ont parrainé Emmanuel Macron seront sanctionnés et même exclus du parti. Mais aujourd’hui rien de tel ne se produit, Jean-Christophe Cambadélis s’étant simplement dit “triste” que Manuel Valls soutienne le candidat d’En Marche !.
Martine Aubry, en meeting hier soir à Lille aux côtés de Benoît Hamon, a vivement critiqué l’attitude de Cambadélis, clamant sous les applaudissements des militants : “À tous ceux qui nous disent ‘Je vais ailleurs mais je reste socialiste’, si j’étais premier secrétaire du Parti Socialiste, j’aurais dit : ‘Non, on n’est pas socialiste par déclaration, on est socialiste quand on défend des valeurs qui sont les nôtres’.”