L’Unicef a publié le 31 octobre une étude d’ampleur qui montre qu’un enfant sur sept respire un air six fois plus vicié que les recommandations de l’OMS.
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C’est un rapport de l’Unicef qui laisse sans voix : 300 millions d’enfants respirent un air hautement pollué tous les jours. Ce constat dramatique intervient peu avant la COP 22, le sommet sur le climat qui aura lieu à Marrakech, au Maroc, du 7 au 18 novembre. Cette étude, publiée le 31 octobre, se fonde sur des données satellites et est la première à pouvoir donner des résultats couvrant le monde entier.
Avec 300 millions d’enfants, c’est donc un bambin sur sept qui vit dans une zone où la pollution atmosphérique est six fois plus élevée que le niveau recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Or le problème est mondial : deux milliards d’enfants, soit presque 90 % des enfants de la planète, vivent dans des endroits où la pollution excède simplement les limites de l’OMS.
600 000 enfants décèdent de la pollution chaque année
Comme le rappelle l’agence onusienne, l’effet de la pollution sur les enfants peut entraîner un ralentissement de la croissance, mais également des troubles de la santé – jusqu’à la mort. Anthony Lake, directeur général de l’Unicef, indique dans un communiqué :
“Non seulement les particules polluantes ont un effet sur le développement des poumons, mais elles sont susceptibles de traverser la barrière hémato-encéphalique [qui sépare le sang du système nerveux central, ndlr] et de perturber de manière définitive le développement de leur cerveau.”
Il ajoute que la pollution de l’air est l’un des “principaux facteurs expliquant la mort de près de 600 000 enfants de moins de cinq ans chaque année”.
L’Asie et l’Afrique sont les plus touchées
Évidemment, les facteurs de développement économique entrent en jeu et condamnent les plus défavorisés. “Les plus pénalisés par la pollution de l’air sont les enfants pauvres”, confirme à ce sujet Nicholas Rees, spécialiste du climat et de l’analyse économique pour l’Unicef.
Parmi les 300 millions d’enfants qui respirent un air six fois plus pollué que recommandé par l’OMS, 220 millions résident en Asie du Sud et 70 millions vivent en Asie du Sud-Est, pour la plupart d’entre eux en Chine. S’il est exposé à des degrés moindres de dégradation de l’atmosphère, le deuxième continent où habitent le plus d’enfants subissant de haut niveau de pollution de l’air est l’Afrique, où 520 millions d’enfants sont concernés.
L’Europe n’est que relativement préservée avec 120 millions d’enfants qui respirent un air dont la teneur en pollution excède les limites préconisées par l’OMS – toutefois, sur notre continent, 20 millions d’enfants inhalent un air qui dépasse deux fois cette limite. Le professeur Jos Lelieveld, de l’institut Max Planck de Mayence, en Allemagne, note l’importance d’un tel rapport dans le Guardian :
“La pollution de l’air est un problème typique des pays en voie de développement, où les enfants ont peu de résistance, en raison notamment des carences nutritionnelles et d’une couverture médicale insuffisante.”
Selon les données de l’OMS, la pollution atmosphérique est responsable du décès de plus de trois millions de personnes dans le monde par an, soit six par minute. C’est davantage que les décès causés par la malaria et le sida combinés. Et les choses ne vont pas en s’arrangeant : comme le rappelle le quotidien britannique, si rien n’est fait à ce stade, cette hécatombe pourrait doubler d’ici 2050.