2001 de Dr. Dre a 20 ans et renferme toujours bien des secrets

2001 de Dr. Dre a 20 ans et renferme toujours bien des secrets

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Par Aurélien Chapuis

Publié le

Ils sont sur le blockbuster rap de Dr. Dre mais personne ne s’en souvient.

Tout le monde a un souvenir personnel de 2001, l’album sacré de Dr. Dre. C’était parfois le seul CD qu’on gardait dans la boîte à gants de la voiture. Et c’était souvent le seul album de rap américain présent dans toutes les discothèques. Cette suite du classique The Chronic de 1992 a marqué son temps pour son style de production dépouillée orientée club ainsi que sa carte postale californienne modernisée. 2001 est une version THX du rap des années 1990.

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Cet album marque aussi les retrouvailles de Dr. Dre avec ses anciens collègues de Death Row : Snoop Dogg notamment sur l’ogive “Still Dre”, ainsi que Kurupt et bien sûr Nate Dogg du Dogg Pound sur “Xxplosive” puis tout au long du disque.

2001, c’est aussi les découvertes grand public de Xzibit et surtout Eminem qui vont faire d’énormes carrières ensuite. À la production, c’est l’avènement de Mel-Man et Scott Storch aux claviers qui ont forgé le son des années 2000.

2001, c’est ensuite une tournée inoubliable, le Up in Smoke Tour qui va consacrer toute cette ambiance enfumée, cet héritage californien et ce son si cristallin. Pourtant, sur cet album en forme blockbuster total, il y a de nombreux artistes que le public n’a pas suivis ou dont personne ne se rappelle vraiment. Voici plusieurs d’entre eux, des pièces indispensables à la réussite de cet album influent sur le rap actuel, de Kendrick Lamar à Drake.

Hittman

Hittman est rarement cité quand on parle de 2001, alors que c’est le rappeur le plus présent du projet. Il est en effet en featuring sur onze morceaux, c’est plus de la moitié de l’album. Il a même droit à son morceau solo, “Ackrite”.

Dr. Dre le signe en 1998 sur son label Aftermath et croit vraiment en son potentiel. Il lui offre même la fin de son clip “Forgot about Dre” avec Eminem pour un segment solo d’une minute sur son morceau “Last Days”. Hittman avait tout ce qu’aime Dr. Dre : une voix brute et mélodique avec une écriture très appuyée à la WC ou Tray Dee.

Malgré cela, Hittman se fait rattraper par la puissance vocale d’Xzibit et la folie technique d’Eminem. Il ne sortira jamais d’album solo alors qu’il était le rappeur principal du plus gros album de rap jamais produit. Une histoire incroyable comme seul le rap peut en offrir.

Six-Two

Autre inconnu à apparaître sur 2001, Six-Two est un jeune talent en provenance du Texas. Il est recommandé à Dr. Dre par The D.O.C., artiste très proche qui écrit beaucoup des paroles de Dre. The D.O.C. était très présent sur The Chronic et il a encore un rôle de consultant de luxe sur 2001.

The D.O.C. habite alors au Texas et découvre un talent naturel chez Six-Two avec sa voix très profonde, son écriture truculente et détendue dans la plus pure tradition sudiste. La violence de la rue dans une cellule capitonnée.

Six-Two a surtout marqué les esprits pour son couplet final sur “Xxplosive”. Kendrick Lamar dit d’ailleurs chez Complex en 2012 que c’est son couplet préféré de la chanson et même son deuxième préféré de l’album derrière celui d’Eminem sur “What’s the Difference”.

Six-Two participe ensuite au très sous-estimé troisième album de The D.O.C., The Deuce. The D.O.C., rappeur phare de l’équipe N.W.A. depuis ses débuts, est alors un peu diminué avec sa voix éraillée à la suite d’un accident de voiture auquel il échappe de justesse. 

Pourtant, avec l’aide de Six-Two, il monte un album réussi avec une touche sudiste, croisant les légendes Birdman, Jazze Pha, Organized Noize et Greg Street. Il y aura tout de même deux productions de Dr. Dre, dont ce “Mentaly Disturbed” totalement indispensable.

On apprendra plus tard que The Deuce devait être un album de Six-Two mais que des problèmes de contrat l’ont donné à The D.O.C. alors qu’il n’apparait quasiment pas sur l’album, sa voix étant trop abimée.

S’éloignant ensuite de The D.O.C., plus rien ne fonctionne aussi bien pour le rappeur texan Six-Two. Un talent vraiment gâché.

Knoc-turn’al

Knoc-turn’al a eu son petit moment de gloire avec notamment le hit “The Knoc” avec Dr. Dre et Missy Elliot puis “The Way I Am” avec Snoop Dogg. Il sera aussi sur la bande originale du film The Wash avec le titre “Bad Intentions” toujours avec Dr. Dre et aussi le très bon solo “Str8 West Coast”.

Son style nasillard et abrasif a su attraper les auditeurs et reste parmi les très bons moments de 2001, sur le refrain de”The Watcher” avec Eminem puis sur un couplet réussi sur le hit de fin d’album, “Bang Bang”.

C’est peut-être un des plus identifiés de cette époque Aftermath en dehors des Snoop, Em et Xzibit. Mais sa carrière fut elle aussi très brève.

Ms. Roq

The Chronic avait propulsé Lady of Rage comme frappe féminine de la West Coast. Dr. Dre essaye de renouveler l’expérience avec Ms. Roq, une totale inconnue qu’on retrouve sur trois morceaux de 2001.

Signée sur Aftermath et proche d’Hittman, elle ne fera jamais d’autres morceaux sous ce nom ensuite. Même The D.O.C. ne semble pas savoir de qui il s’agit, interrogé des années plus tard. Incroyable trajectoire encore une fois. Un petit tour et puis s’en va.

Devin the Dude

Devin assure le parfait refrain ainsi qu’un couplet sur l’hymne “Fuck You” avec Snoop Dogg et Dr. Dre en début d’album. Ce rappeur-chanteur de Houston découvert par Scarface des Geto Boys avait alors déjà sorti son très bon premier album The Dude en 1998. Il avait aussi une première carrière avec son groupe Odd Squad en 1994 avant que Scarface ne l’intègre à son posse “Facemob” en 1996.

Son style très particulier, entre nonchalance badine et soul enivrée, en fait un atout artistique majeur. Dr Dre est très fan et lui donnera même plusieurs productions pour ce deuxième album, Just Tryin to Live en 2002. Mais le projet ne deviendra pas global, même si Xzibit, DJ Premier, Nas et Raphael Saadiq sont de la partie.

Devin sort ensuite plusieurs autres albums réussis, tous chez Rap-A-Lot Records, grande maison de disques du Texas. Il ne rencontre jamais le succès international malgré son hit “What a Job” avec Andre 3000 et Snoop Dogg en 2007. Mais il reste un artiste hors normes qui aura participé au plus gros blockbuster rap des années 1990.

King Tee & Defari

Comme dans The Chronic, il y a un énorme posse cut sur 2001 : “Some LA Niggaz”. Le but pour Dre était de représenter les nouveaux talents qu’ils voulaient pousser ainsi que les valeurs sûres de LA avec qui il travaillait régulièrement.

Sur ce posse cut, on retrouve son poulain Hittman, Xzibit, Knoc-turn’al avec Kokane sur le refrain ou encore MC Ren de NWA sur l’intro (le plus proche de Eazy-E d’ailleurs, comme pour enterrer les vieilles guerres). Cet énorme titre rencontre aussi un inconnu nommé Time Bomb qui ouvre le titre et dont on n’entendra plus jamais parler. Comme un mirage.

Surtout moins connus et identifiés, “Some LA Niggaz” laisse de la place à l’équipe d’Xzibit, le Likwit Crew. En effet, King Tee, le chef de cette bande qui comporte aussi Tha Alkaholiks, y assure un couplet équilibriste totalement incroyable. King Tee est alors signé sur Aftermath, Dr. Dre étant un énorme fan du vétéran.

King Tee a alors déjà quatre albums classiques sous le coude et prépare un album avec Dre, qui ne verra jamais le jour officiellement. Ce rappeur réputé pour avoir influencé Notorious B.I.G. (rien que ça) laissera finalement sa place à la deuxième génération de son crew avec Xzibit. C’est vraiment grâce à King Tee que Xzibit aura cette deuxième carrière.

Autre rappeur présent de l’équipe et encore plus obscur : Defari. Hyper indépendant et underground, il bosse alors avec Dilated People et a sorti son premier album Focused Daily plus tôt dans l’année 1999. Rétrospectivement, il est totalement incroyable de le voir sur le mastodonte de Dr. Dre.

Comme quoi, un blockbuster, même de rap, est aussi réussi pour ses seconds rôles de qualité. Même si personne ne s’en souvient, ils sont indispensables.