Notre chère planète regorge d’endroits extraordinaires et atypiques. Notre série 20 000 lieux sur la Terre vous propose d’en découvrir quelques-uns.
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Aujourd’hui, cap sur l’île de la Déception, un territoire aux paysages fantasmagoriques situé dans l’archipel des îles Shetland du Sud, à 120 kilomètres au nord-ouest de la péninsule Antarctique.
Qu’ils soient ébahis ou interdits, les voyageurs qui s’aventurent sur cette terre du bout du monde ne peuvent pas rester indifférents à son atmosphère presque irréelle. Accessible par bateau, essentiellement dans le cadre de croisières en Antarctique, l’île de la Déception doit son appellation francophone à une traduction inexacte du mot anglais deception, qui désigne la tromperie, la supercherie.
Des doutes subsistent quant à l’origine précise de cette dénomination. Mais aux yeux des aventuriers en quête de dépaysement, elle porte plutôt mal son nom français : rien de décevant sur cette île étonnante, qui ne ressemble à aucun autre endroit sur Terre.
Une expérience réservée aux baigneurs de l’extrême
L’île de la Déception est une caldeira d’une douzaine de kilomètres de large en forme de fer à cheval, née de l’effondrement d’un volcan sur lui-même il y a plusieurs milliers d’années. C’est cette origine volcanique qui permet aujourd’hui aux croisiéristes les plus courageux de prendre un bain chaud tout en étant piqués par le vent vif de l’Antarctique, après avoir creusé une cavité dans le sable noir.
Les frissons sont garantis : la variation de température entre l’air ambiant et l’eau, qui avoisine les 30 degrés, est extrême ! Il est d’ailleurs impératif de se couvrir très chaudement dès la sortie pour éviter d’être brûlé par le vent glacial. L’expérience, immortalisée par certains voyageurs, n’en reste pas moins exceptionnelle.
Chiller avec les manchots
L’autre attraction de l’île, lorsque les conditions météorologiques permettent d’y faire escale sans danger pour rejoindre le littoral en zodiac, consiste à observer les manchots à jugulaire. L’île de la Déception, dont ces animaux sont les seuls habitants (à l’exception de la poignée de scientifiques qui occupent parfois les petites bases estivantes présentes sur place), abrite en effet la plus grande colonie de cette espèce peu frileuse.
Leurs nids, creusés dans le sable sur le site de Baily Head, à l’ouest de l’île, contribuent au caractère unique des paysages. Les passionnés de la faune sauvage peuvent également croiser des éléphants de mer et des phoques à fourrure, également nombreux sur cette île aux allures parfois lunaires.
Des vestiges très photogéniques
La grande baie située au centre de l’île, Port Foster, fut fréquentée dès le XIXe siècle par les marins qui venaient y trouver refuge, en attendant le passage d’un iceberg ou la fin des tempêtes soufflant sur l’océan Austral. Ce port naturel, de par son embouchure très étroite – 230 mètres de large seulement – et la présence du Raven Rock – l’éminence rocheuse qui se trouve en son milieu –, n’est fréquenté que par les navigateurs avertis. Les premiers à occuper les lieux furent les chasseurs de phoques, puis, en 1906, une société de chasse à la baleine choisit d’y établir une base pour son navire-usine. Quelques années plus tard, une dizaine de bateaux semblables occupaient l’île. Pour améliorer leur rendement, les baleiniers finirent par installer une base directement sur la caldeira.
Mais lorsque la chasse devint moins rentable, au début des années 1930, la station baleinière érigée sur place fut abandonnée, puis en grande partie recouverte de cendres par une éruption volcanique en 1969. Avant d’être recouverte de mousse verte et orange puis, régulièrement, de neige. Les vestiges qui demeurent aujourd’hui – parmi lesquels quelques ateliers, hangars, réservoirs de stockage et autres bouilleurs de graisse de baleine – contribuent à l’étonnant décor qui fait la réputation touristique et photogénique de l’île de la Déception.
On y va ?
Pour vous y baigner et assister à ce spectacle féerique qui mêle colonies de manchots, étendues de cendres et vestiges de la chasse baleinière, il vous faudra non seulement une âme d’explorateur ainsi que des vêtements chauds, mais aussi un budget conséquent : les croisières en Antarctique d’une dizaine de jours proposées par les compagnies américaines coûtent au moins 4 000 euros, et pas loin du double pour les croisières francophones. Un coût auquel s’ajoute, bien sûr, le prix du billet d’avion jusqu’en Amérique du Sud.