Le nouveau volet de la franchise de J.K. Rowling soulève un paquet de questions.
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Avec ce deuxième volet sorti en salles ce 14 novembre, la saga Les Animaux fantastiques a pris une tournure très sombre, bien loin de la joyeuse animalerie de Norbert Dragonneau que l’on découvrait dans le premier volet sorti en 2016. Le scénario, assez dense mine de rien, balance énormément d’informations qui s’imbriquent plus ou moins bien dans l’univers créé de toutes pièces par J.K. Rowling, laissant forcément son lot de questions. En voici 9 – avec, vous vous en doutez, plein de spoilers.
1. L’histoire est-elle cohérente avec tout ce que J.K. Rowling a écrit depuis 20 ans ?
C’est Joanne Rowling en personne qui a écrit le scénario des Animaux fantastiques. Forcément, tout est cohérent, mais mieux vaut avoir une bonne connaissance des détails de l’univers Harry Potter pour pouvoir suivre. Des détails que l’auteure n’oublie pas puisque tout concorde. Sauf une chose.
Un caméo de Minerva McGonagall, célèbre professeure de métamorphose, était attendu car annoncé en amont. Lors d’une scène à Poudlard, Dumbledore s’adresse ainsi à une professeure McGonagall jeune. Problème : nous sommes en 1927. Minerva McGonagall est née en 1935. Rien de grave, mais à vouloir faire trop de clins d’œil, Rowling s’est un peu emmêlé les pinceaux.
En dehors de ça, pas grand-chose. En réalité, le manque de cohérence se situe peut-être plus dans le fait que le scénario fait revenir des personnages que l’on croyait morts ou disparus, ce qui n’est pas vraiment le genre de Rowling. Croyance n’est en fait pas mort et Jacob n’a rien oublié de tout ce qu’il a vécu, même si les dernières scènes du premier volet montraient le contraire.
On est un peu surpris par ces twists dès le début, et c’est peut-être là que réside le plus grand écart avec le reste de l’œuvre de l’auteure.
2. De qui ce film est-il l’histoire ?
La saga s’appelle Les Animaux fantastiques. Avec Harry Potter, elle s’inscrit dans ce qu’on appelle désormais le Wizarding World, sorte de Marvel Cinematic Universe sauce Rowling. Si, dans le premier film, les animaux fantastiques en question sont très présents, on s’en éloigne clairement dans ce deuxième volet, malgré quelques belles scènes avec des créatures. Mais ce n’est plus leur histoire.
Ce n’est pas non plus celle de Norbert Dragonneau, l’intrépide Poufsouffle devenu le meilleur vétérinaire du monde magique, même s’il fait le lien entre les deux films. À ce stade, Nobert est en fait devenu la matérialisation des spectateurs, d’un Potterhead par lequel on découvre le récit. Il connaît l’univers, les personnages, mais découvre quasiment tout en même temps que nous.
C’est encore moins l’histoire de Tina, Queenie et Jacob. Le quatuor original et les animaux s’inscrivent dans une histoire bien plus grande. En réalité, l’intrigue du film tourne autour de Croyance et de son identité, qui semble déterminante pour tout le monde. Mais la saga dépasse même le destin du pauvre garçon que tout le monde convoite et qui semble dépassé par ses propres pouvoirs.
J.K. Rowling a déjà expliqué que ces films exploreraient le passé de Dumbledore et la montée de Gellert Grindelwald, car leurs destins sont intimement liés. Comme l’a révélé l’auteure, Gellert était le grand amour d’Albus, qui n’aura jamais personne d’autre dans son cœur. Une information confirmée par ce deuxième volet des Animaux fantastiques.
En effet, quand il regarde le miroir du Riséd, qui montre ce que l’on désire le plus au monde, Albus voit toujours apparaître Grindelwald. Dumbledore dit même : “Nous étions plus que frères.” Leur lien est tel que l’on apprend que les deux hommes ont fait un pacte de sang pour ne jamais s’affronter.
Comme on le découvre au début du livre Harry Potter à l’école des sorciers, sans se douter que c’est un détail important, Dumbledore vainc Grindelwald dans un combat d’anthologie en 1945 et le forcera à finir ses jours dans la prison de Nurmengard en Autriche. Ce lieu apparaît dans la scène finale des Animaux fantastiques 2, sous le nom de “château de Nurmengard”. C’est très loin d’être un hasard.
Pour faire simple, l’histoire des Animaux fantastiques est celle de Dumbledore. Plus largement, le Wizarding World semble être l’histoire de la baguette de Sureau. Cette relique de la mort, considérée comme la baguette la plus puissante de l’histoire de la magie, passe entre les mains des personnages principaux : Grindelwald, Dumbledore, Voldemort et Harry Potter. Un détail qui relit les deux sagas.
3. Donc en fait, c’est qui exactement Croyance ?
C’est la grande révélation du film. Dans la scène finale, nous apprenons, de la bouche du perfide Grindelwald, que Croyance est le frère de Dumbledore. Aurelius Dumbledore, en l’occurrence, dont on n’a jamais entendu parler. Il s’agit d’un tournant incompréhensible pour les Potterheads, qui pensaient tout savoir d’Albus grâce au dernier tome de la saga, Harry Potter et Les Reliques de la Mort.
Première option, qui rassure un peu les fans : Grindelwald mentirait pour corrompre Croyance. Après tout, il est le seul à connaître sa véritable identité. Dumbledore, comme tout le monde, pense que ce dernier n’est autre que le frère disparu de Leta Lestrange. Reste à savoir pourquoi une telle révélation serait faite alors que les fans savent la vérité sur la famille Dumbledore, et pourquoi l’intégralité d’une saga serait basée sur une fausse information.
L’autre option serait qu’il soit effectivement son frère. Difficile à croire, mais tout (ou presque) s’explique par la présence du phénix, animal emblématique de la maison Dumbledore. Impossible de dire s’il s’agit déjà de Fumsek, l’animal et patronus d’Albus aux pouvoirs de guérison incroyables, capable de porter des charges énormes et duquel sont prélevées les plumes des baguettes de Harry et Voldemort. Mais qu’importe.
“Un phénix apparaîtra à chaque fois qu’un Dumbledore est dans le besoin”, explique Albus à Norbert dans l’une des premières scènes. Effectivement, celui-ci se manifeste à Croyance. Très tôt dans le film, il s’occupe de ce que l’on croit être un moineau. Dans la dernière scène, on aperçoit l’oiseau adulte. Ce n’est pas anodin : Croyance est donc bien un Dumbledore. Mais est-ce vraiment le frère d’Albus ?
Pour rappel, Albus avait un petit frère, Abelforth, et une petite sœur, Ariana. Leur père est décédé à Azkaban et leur mère meurt des suites d’une des crises d’Ariana. En effet, la fillette avait été agressée par des moldus qui l’avaient vu faire de la magie et en sera traumatisée à vie, tentant inexorablement de refouler ses pouvoirs. Comme Croyance, elle était donc une obscurus.
Ariana décédera suite à une vive altercation entre Albus, Abelforth et Grindelwald – nul ne sait qui des trois l’a tuée, ou même si c’est son obscurus qui l’a finalement anéantie. En tout cas, à aucun moment de cette histoire, très détaillée dans le dernier bouquin de la saga, il n’est question d’un quatrième enfant.
Alors où se situe-t-il ? Attention, un peu de maths. Dumbledore est né en 1881 selon Pottermore, le site de J.K. Rowling. Son frère n’a que quelques années de moins que lui. Ariana décède à 14 ans, lorsque Dumbledore est âgé de 19 ans. Albus est donc l’aîné. L’intrigue des Animaux fantastiques 2 se déroule en 1927, alors que Dumbledore a 46 ans.
D’apparence, Croyance n’a pas plus d’une vingtaine d’années. Il serait donc le benjamin de la fratrie. Or, Kendra Dumbledore, la mère, est morte vers 1899. La femme avec laquelle le bébé échangé voyage ne peut donc pas être Kendra. Croyance ne serait que le demi-frère d’Albus, et cela voudrait dire que le père n’est pas mort à Azkaban. Pire, il aurait eu une autre vie après son arrestation.
Alors, Percival Dumbledore, arrêté pour avoir défendu sa fille face à ses agresseurs, a-t-il encore un rôle à jouer dans ce scénario ? En tout cas, il semble fou que, sur une fratrie de quatre, deux des enfants soient des obscurus. La famille de Dumbledore est-elle encore plus complexe que nous le pensions ? Il est certain que cette question sera au centre des intrigues des futurs volets.
Derniers indices allant dans ce sens : la fratrie des Dumbledore ne porte que des noms commençant par “A”. Albus, Ariana, Alberforth. Or, rappelez-vous que les détails n’en sont jamais chez J.K. Rowling. Par exemple, “Les Animaux fantastiques” est le titre d’un livre que lit le jeune Harry Potter. La bataille contre Grindelwald était un fun fact situé au dos d’une carte Chocogrenouille.
Le prénom d’Aurelius est donc loin d’être anodin.
4. Comment Grindelwald connaît-il la véritable identité de Croyance ?
Pour l’instant, il est le seul à connaître cette information. Mais Gellert Grindelwald n’a côtoyé les Dumbledore qu’un seul été, alors comment l’aurait-il découvert ? Peut-être qu’il faut réfléchir à la force intrinsèque de ce personnage.
Il semble avoir des pouvoirs aussi uniques que ceux de Voldemort. Deux fois, il utilise un crâne pour voir le futur. Tenu par sa sinistre acolyte française, ce genre de pipe/boule de cristal semble être un élément-clé de tout son savoir. Dans le caveau des Lestrange, lors de son meeting, il montre à ses partisans qu’une autre guerre se prépare, la Seconde Guerre mondiale. Un argument fort puisqu’en 1927, le traumatisme de la Première Guerre mondiale est loin d’être guéri.
Si Grindelwald est capable de voir un tel événement, le champ des possibilités quant aux pouvoirs de son étrange objet semble illimité.
5. Pourquoi avoir rendu encore plus compliqué le passé de Dumbledore ?
C’est surtout ça qui laisse les fans perplexes, et on ne peut pas vraiment répondre à cette question. Le septième tome de la saga Harry Potter est tout de même grandement dédié à la découverte de qui était vraiment Dumbledore. Ce personnage est une source d’inspiration pour de nombreux Potterheads grâce à sa sagesse pleine de philosophie.
Par ailleurs, Albus est le personnage préféré de J.K. Rowling. Pas étonnant qu’elle s’attarde à ce point sur son histoire. Mais alors que les fans s’attendent à de nouveaux personnages, on leur sert un détail perturbant sur quelqu’un qu’ils connaissent déjà. C’est d’autant plus perturbant que le passé de Grindelwald est, quant à lui, totalement inconnu.
6. C’est quoi le bail avec les Lestrange ?
Le nom de Lestrange est l’un des plus familiers de la saga Harry Potter, notamment grâce au terrifiant personnage de Bellatrix Lestrange, la plus fidèle des serviteurs de Voldemort. Alors, forcément, le personnage interprété par Zoë Kravitz intriguait tout le monde. Les fans n’ont pas été déçus.
Le père de Leta est Corvus Lestrange, membre d’une des plus éminentes familles de sang pur. Sauf que ce charmant Corvus semblait aimer soumettre les femmes à sa volonté grâce au sortilège de l’Imperium – vous savez, un des trois sorts impardonnables qui permet de soumettre quiconque à sa volonté. Il s’en est servi sur Laurena Kama, la mère de Leta (qui est donc le fruit d’un viol). Laurena meurt en la mettant au monde. C’est gai cet épisode, n’est-ce pas ?
Avant toute l’affaire Lestrange, Laurena était mariée à un homme, Mustafa Kama, et était la maman d’un petit Yusuf Kama – l’homme qui emprisonne Tina et Norbert à Paris. Le père de Yusuf, fou de rage à cause de la mort de sa femme, fait faire un serment inviolable à son fils : il devra tuer la personne la plus chère aux yeux de Corvus Lestrange.
Sauf que ce dernier n’aime personne, et sûrement pas Leta. En revanche, il aime son dernier enfant, sobrement prénommé Corvus. Niveau masculinité toxique, on n’est pas mal chez les Lestrange. D’ailleurs, leur arbre généalogique ne représente que les hommes, les femmes y étant symbolisées par des fleurs. Mis au fait que quelqu’un veut tuer son Corvus adoré, Corvus Senior envoie son fils à New York avec Leta. Mais le bateau coule et tout le monde croit que Corvus Junior est mort – mais pas Leta ?
Un poème tiré des “Prédictions de Thyco Dydonus”, un recueil d’œuvres qui semble aussi connu des sorciers que Les Contes de Beedle le Barde, sème le trouble. Il annonce qu’un corbeau ailé ressortira des flots et qu’une fille en larmes sera dans l’équation. Bref, ça colle assez à l’histoire de Leta et Corvus pour devenir une prophétie, ces présages magiques si chers à J.K. Rowling.
Sauf que – sortez vos manuels de telenovela – pendant ladite traversée de l’Atlantique, Corvus Jr a été échangé avec un autre nourrisson par Leta, qui en avait marre de l’entendre pleurer. Un peu tiré par les cheveux, mais OK. L’autre nourrisson, dont Leta n’a aucune idée de l’identité, est sain et sauf. Corvus Jr, lui, sombre dans les flots.
Bref, toute cette histoire sur les Lestrange pour que, finalement, on apprenne que l’enfant sur lequel on s’est penché pendant la moitié d’un film est décédé ? On est toujours aussi paumés. Super. D’autant plus que…
7. Est-ce que Leta Lestrange est vraiment morte ?
Parce que oui, la fin de tout ce schmilblick, cette dernière meurt. Tout simplement. On la voit se désintégrer dans un feu en forme de dragon, prêt à détruire Paris. Vraiment ? On a un peu de mal à y croire, honnêtement.
Croyance est bien revenu, lui. Et puis cela paraît improbable de caster Zoë Kravitz, de lui construire une histoire aussi complexe, autant dans sa vie de famille que dans sa vie amoureuse, et ce depuis le premier volet, pour au final la tuer.
Encore une fois : tout ça pour quoi ? Le fait est que, à moins d’un retournement de situation tordu – et qui serait difficilement pardonnable –, Leta est bien morte. Normalement, personne ne peut survivre à un Feudeymon.
8. Quels parallèles y a-t-il entre Grindelwald et Voldemort ?
Honnêtement, chacun est le grand méchant de sa saga et c’est donc impossible de ne pas les comparer. Surtout que, détail important, l’histoire des Animaux fantastiques commence en même temps que naît Voldemort, en décembre 1926.
Dumbledore semble être le seul à pouvoir les anéantir et, dans les deux cas, un puissant pouvoir magique l’en empêche. Dans Harry Potter, c’était la prophétie. Là, c’est un pacte de sang qu’il a fait avec Grindelwald. Difficile de comprendre quelle est la différence avec un serment inviolable. En tout cas, Dumbledore a toujours une super excuse pour ne pas détruire lui-même le méchant de l’histoire.
Grindelwald et Voldemort se rebellent contre les mêmes règles magiques. Ils vivent dans le secret, cachés dans le monde des moldus. Mais, à la grande différence de Voldemort, Grindelwald ne hait pas les moldus, même s’il pense qu’ils ne sont pas égaux aux sorciers et qu’il ne se gêne pas pour assassiner des enfants. Disons que les arguments de ralliement de Grindelwald sont d’autant plus convaincants auprès des sorciers qu’ils s’inscrivent très peu de temps après la Première Guerre mondiale.
Grindelwald est aussi plus humain que Voldemort. Physiquement, déjà. C’est un aspect majeur de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom : plus il perd en humanité (en créant des horcruxes), plus il se transforme en une créature bien flippante, sans nez et avec des fentes en guise d’yeux. Grindelwald n’a que son problème à l’œil – d’ailleurs, c’est quoi ce truc aussi ? Une séquelle de bagarre à la David Bowie ? Sa version plus jeune dans le miroir du Riséd montre qu’il l’a déjà à l’adolescence.
Quoi qu’il en soit, les histoires personnelles de Voldemort et Grindelwald ont en commun Dumbledore, la baguette de Sureau et un garçon qui survit. Croyance pour Grindelwald, Harry Potter pour Voldemort. Sauf que Grindelwald réussit à rallier son poulain, contrairement à Vous-Savez-Qui. Pour l’instant.
9. Et sinon, pourquoi Nagini était là exactement ?
J.K. Rowling a affirmé avoir gardé le secret pendant vingt ans. Nagini, le fidèle serpent de Voldemort, son horcruxe, était une personne avant d’être un reptile. Révélée dans la bande-annonce, l’information a fait parler d’elle. Mais c’est tout.
Nagini est une jeune fille venue d’Indonésie qui est une Maledictus à cause d’un sortilège qui ne touche que les femmes et qui est inné. Dans ce film, Nagini n’a pas un rôle majeur. On se demande comment cette jeune femme se retrouve à servir l’un des sorciers les plus diaboliques alors qu’elle est, dans ce conflit, plutôt du bon côté de la force.
10. À quoi s’attendre dans les prochains films ?
À un scénario encore plus sombre. Grindelwald n’en est qu’au début de ses plans. Il rallie tout juste ses partisans et l’ambiance est déjà bien flippante. Les commentaires de Rowling sur cette saga semblent suggérer que l’épique bataille entre Grindelwald et Albus Dumbledore sera l’épisode final. Nous sommes en 1927, il doit se passer encore 18 ans et trois films avant qu’elle ait lieu.
Au passage, il serait pas mal que Norbert et Tina s’avouent leurs sentiments de manière plus explicite qu’en parlant de salamandres. Quid de Queenie, la Legilimens qui a rejoint les rangs de Grindelwald ? Et puis Jacob, le moldu dont la présence continue de nous intriguer ? Mais surtout, quel futur pour Croyance ?