“Neighboorhood #2 (Laïka)”, une histoire de famillle
Une plume à la main, Arcade Fire nous raconte. “Neighborhood #2 (Laïka)” est une histoire de vie, une famille brisée, un voyage, une fuite. Un frère rebelle, un père violent, le quartier est entaché des lumières policières lors de leurs affrontements. Des lumières disco, pour que les voisins dansent sur la misère de ce pauvre Alexander.
Un récit clamé, presque crié sur une musique galopante. On est accroché par le rythme décalé de l’intro, suivi par une instrumentalisation énergique. Cette chanson d’Arcade Fire, c’est aussi une flopée d’arrangements, un beau mélange tournoyant entre rythmique et mélodique. Une guitare grinçante, un air de ballade au violon, des chœurs spontanés. Un éclectisme de sensations et une fin en douceur, afin de mieux apprécier la suivante, “Une Année Sans Lumière”.
Aurel du webzine Vibraphonyx
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“Neighborhood #3 (Power Out)”, de l’ombre à la lumière
Début janvier 1998, près d’une semaine durant, une grande tempête de gel s’abat sur l’Amérique. L’Etat de New York, une partie de l’Ontario et le sud-ouest de la région du Québec payent alors un lourd tribut. Montréal, la cité d’Arcade Fire, subit de gros dommages matériels et humains. Des blessures profondes liées à cet événement tragique, Butler et Chassagne tirent un morceau, “Neighborhood #3 (Power Out)”.
Troisième single de Funeral, ce titre en est aussi le plus puissant. Pour moi, celle à la composition la plus aboutie. En cause, une pompe à la batterie omniprésente qui contrebalance la froideur du xylophone, quelques mélodies sur une guitare décharnée en écho aux chœurs de la troupe… et ce refrain, aux paroles faussement cryptiques :
And the power’s out / In the heart of man / Take it from your heart / Put it in your hand.
Le message, porté par une chanson sur la même longueur d’ondes, est d’une glaçante limpidité : de la difficulté de canaliser le chaos et le transformer en énergie positive, de transformer l’ombre en lumière.
Theo Chapuis
6 “Crown of Love”, en cas de coup dur
En toute franchise, j’ai toujours écouté cette chanson dans des moments difficiles. Elle est pour moi une sorte de référent, un passage obligé par la case Arcade Fire en cas de coup dur. Alors forcément, pour fêter les 10 ans de Funeral, je ne pouvais pas choisir un autre titre que “Crown Of Love”.
Le morceau commence tel une marche funèbre : une basse continue très marquée, quatre accords, une seule mélodie. L’ambiance est sombre et sobre à la fois, on s’imagine dès lors prendre part au cortège de cet amour sans vie. Quand soudain, les violons entrent en scène et le titre change radicalement de couleur. Et c’est bien là toute la magie de cette chanson évoluant de l’ombre à la lumière, qui nous embarque dans une folle ascension mélodique et nous donne envie de courir partout, sentiment confirmé par le titre suivant sur l’album : l’emblématique “Wake Up”.
Coralie Millou
“Wake Up”, l’optimisme de retour
Avant de devenir une bande-son pour publicité, avant de devenir un chant d’intro pour le club de foot anglais d’Aston Villa, avant de devenir un titre de la bande-originale de La Vie Rêvée de Walter Mitty, “Wake Up” n’était que le septième titre d’un premier disque fulgurant, Funeral. Alors qu’il est nommé en hommage à la disparition de membres de la famille de certains membres du groupe, le premier album trouvait, à-mi chemin, une composition salutaire, en forme de réveil.
Si les deux premiers tiers sont connus pour être un hymne vocal implacable, une ode au chant dont les chœurs puissants signifient un immense “Wake Up”, on oublie souvent la troisième partie, plus optimiste encore, qui allège le morceau à grand renfort d’une rythmique enlevée.
Louis Lepron
10 “In the Backseat”, apothéose funéraire
J’ai redécouvert Funeral très récemment. Lors d’un voyage en train, après quelques années d’abstinence. C’était une sorte de retour aux sources, empreint de mélancolie. Et parmi les dix pistes de ce premier opus acclamé à l’époque de sa sortie par la critique, le dernier morceau du disque, “In the Backseat” s’impose en allégorie de cette nostalgie parfois propre au voyage. Car cette ballade rock néo-romantique scandée par la voix brisée de Régine Chassagne ne laisse pas indifférent. On le sait, l’album a été produit dans des circonstances pas très joyeuses pour le groupe (des décès dans leur entourage).
Peut-être peut-on aussi y lire les prémices d’une fascination musicale pour l’au-delà qu’on retrouve d’ailleurs sur Reflektor dans “Afterlife”. La rage est là, dans les cris stridents des guitares et des violons, qui retombent doucement decrescendo, jusqu’à la dernière note de piano. Fin.
Florian Bardou
Article collaboratif, publié le 15 septembre 2014 à 20h03