L’astrophysicienne Françoise Combes, distinguée jeudi par la prestigieuse médaille d’or du CNRS, a contribué à la compréhension de l’évolution des galaxies grâce à une capacité hors du commun à conjuguer l’observation et la théorie.
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Elle n’est pas tombée dans les astres quand elle était petite, mais en étudiant la physique atomique à l’école Normale supérieure. “Je m’y suis découvert une passion pour la cosmologie, le savoir sur nos origines, comment se sont formées les galaxies, les étoiles”, explique-t-elle à l’AFP.
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À 68 ans, cette professeure au Collège de France poursuit ses recherches au Laboratoire d’études du rayonnement et de la matière en astrophysique et atmosphères (Lerma) à l’Observatoire de Paris-PSL. Elle a commencé par la cosmologie, avec la formation des galaxies et l’étude des quasars.
“Elle a une énergie folle”, remarque Fabienne Casoli, astronome et présidente de l’Observatoire, qui décrit une personne à “la puissance de travail étonnante”, “toujours à l’affût des idées nouvelles”. Et par-dessus tout quelqu’un à “la palette de compétences extrêmement large, de l’observation à la simulation numérique en passant par la théorie”.
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Une pionnière
“Les quasars sont des galaxies dans lesquelles il y a un trou noir supermassif, qui est très actif, et qui émet une lumière mille fois plus forte que toute la galaxie réunie.” Françoise Combes les compare à des “jalons, des phares de l’Univers”, dont l’observation “permet de sonder la matière”.
La chercheuse a été pionnière d’une technique d’observation des quasars lointains pour y détecter de très faibles quantités de matière à de très grandes distances. Elle l’a mise en application aux États-Unis, dans les années 1970, grâce à son mentor, Pierre Encrenaz, pour y observer des molécules dans les galaxies proches grâce aux radiotélescopes ad hoc.
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Pour elle, sa plus jolie découverte est venue avec une thèse de doctorat d’État en 1980.
Galaxies “cacahuètes”
“Les simulations numériques sur la formation des galaxies spirales fonctionnaient avec des modèles à deux dimensions”, explique-t-elle, ce qui ne rendait pas compte de l’observation de certains systèmes dotés d’un bulbe, ou “cacahuète“. “Nous avons essayé des modèles à trois dimensions”, qui ont permis de découvrir le mécanisme de leur formation.
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Pour Anne-Laure Melchior, enseignante-chercheuse de Sorbonne université au laboratoire Lerma, c’est cette capacité à manier aussi bien l’observation que la théorie qui la distingue de ses pairs : “Elle intègre tout ça de façon très naturelle.”
Une de ses anciennes étudiantes, Annaëlle Hallé, qui travaille aujourd’hui sur la dynamique des galaxies, loue “un excellent guide”, doté d’une “intelligence hors du commun”.
Elle aura aussi été pionnière pour que les femmes se fassent une place dans cette discipline, et juge “très important” que le CNRS accorde un plus grand nombre de récompenses aux chercheuses depuis dix ans. “Cela montre qu’elles existent, ça les encourage”, dit celle qui a été la première astronome élue à l’Académie des sciences (2004) et la première femme titulaire d’une chaire d’Astrophysique au Collège de France.
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Pour celles qui suivent son chemin, elle n’a qu’un mot d’ordre : “Persévérer, persévérer.”
Konbini Techno avec AFP