On vous l’a tellement dit et écrit qu’on en fait parfois des cauchemars mais on remet ça : la mode des années 1980, 1990 et 2000 revient encore et toujours. Peut-être parce qu’on n’a plus rien à inventer ? Ça, c’est vous qui le dites ! Nous, on kiffe simplement tous les retours à notre jeunesse et aux looks des teen movies qui nous ont tant fait rêver à l’époque. Savez-vous quel est le point positif ? C’est que maintenant, on est majeures, payées et vaccinées donc si on décide de sortir en full look années 1980, personne ne pourra nous l’interdire. De plus, c’est justement une trend née dans ces eaux-là qui repointe timidement le bout de son nez : le crop top porté par des hommes.
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Vous savez que notre société aime encore tout catégoriser et dire que ceci est pour les gadjis et que cela est pour les gadjos. Mais, heureusement, de plus en plus de personnes défient les normes imposées et beaucoup d’hommes n’ont plus peur de s’approprier les items du vestiaire féminin, comme les colliers ras-de-cou, les capes, les hauts talons… On pourrait croire que c’est aussi le cas pour les crop tops si on n’avait pas fait nos recherches avant et qu’on n’avait pas lu tout un tas d’articles, comme celui du Guardian, qui nous apprennent que ces petits T-shirts qui semblent trop courts viennent en fait du vestiaire masculin. Ça vous en bouche un coin ? Eh oui, les crop tops seraient apparus dans les années 1970 dans l’univers très huilé et “testostéroné” du body-building et de la salle de sport. Selon la légende, c’était le moyen parfait de montrer ses attributs – à savoir ses tablettes de chocolat – sans s’entraîner torse nu.
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Alors, si on y réfléchit bien, dans le fond, l’invention du crop top est un acte révolutionnaire, rebelle et anarchiste. Après les bodybuilders et leur corps d’acier, les mini T-shirts sont passés dans le dressing des footballeurs américains, des boxeurs et des sportifs à la Dennis Rodman, les rockstars comme Prince et après, il a été adopté par des personnes plus lambda qui n’avaient froid ni aux yeux, ni à la taille. Sans oublier, bien sûr, le cinéma et le petit écran avec le dressing très coloré de Will Smith dans Le Prince de Bel-Air ou les films iconiques comme Rocky III ou Point Break où les protagonistes arborent avec fierté leurs crop tops tout en se la donnant à fond.
Dans notre génération (c’est-à-dire après celle qui commence après le Covid, parce qu’on a littéralement oublié tout ce qui s’est passé et qui on était avant la pandémie), les crop tops sont portés par des hommes qui n’ont pas peur d’explorer tout le spectre des possibilités vestimentaires, comme Kid Cudi, Romeo Beckham, Lil Nas X ou encore Harry Styles.
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Tout cela est super cool alors, où est le problème ? Le problème, c’est le manque d’inclusivité. Premièrement, malgré son histoire, le crop top est toujours majoritairement considéré comme un vêtement féminin et les hommes qui en portent sont vite catégorisés comme “efféminés” ou pire encore. Deuxièmement, quand on a parlé de ce sujet, un de nos collègues nous a dit qu’il ne se voyait pas porter un crop top avec son ventre. Ça nous a attristées mais c’est une réalité à prendre en compte et elle empêche beaucoup de gens de s’habiller comme ils le souhaiteraient vraiment. Body shaming oblige. Il faut bien avouer que la plupart des hommes connus qui portent et ont porté des crop tops ont tous un corps avec très peu de graisse. Alors, quand nos corps ne correspondent pas à l’idéal minceur encore majoritairement imposé par la société, on se demande si telle ou telle tendance est vraiment faite pour nous.
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À ça, malheureusement, il n’y a pas de réponse ou de recette miracle. Porter quelque chose qui pourrait attirer des rires ou des regards, parce qu’on ne rentre pas dans les carcans voulus, n’est jamais facile. Faire partie des premiers à casser les codes n’est jamais facile. S’assumer et s’aimer pleinement n’est jamais facile. Parce que le regard des autres semblera toujours plus imposant que notre IMC (et ce n’est pas Sartre qui dira le contraire) et que c’est toujours plus reposant de se fondre dans la masse.
Tout ce qu’on peut vous dire, en tant que personne qui a souvent été considérée et jugée comme hors norme, c’est qu’il n’y a pas plus libérateur que d’oser. Les gens vont remarquer vos grosses cuisses, votre immense poitrine, les bourrelets de votre dos… que vous le vouliez ou non.
Mais quand ils auront compris que leurs remarques ne pourront pas vous faire flancher – parce que vous connaissez par cœur votre corps, ses courbes et que vous les embrassez – ils n’auront presque plus de pouvoir. On est persuadées que la vérité ne blesse que si on refuse de la regarder en face. On est aussi persuadées que les personnes qui passent leur temps à se moquer des autres essayent surtout de détourner l’attention de leurs propres peurs et insécurités.
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