Vous est-il déjà arrivé de suivre quelqu’un sur les réseaux sociaux alors que vous ne l’appréciez pas ou que vous n’aimiez pas son contenu ? Pas de panique : le hate watching est un phénomène assez courant.
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C’est la journaliste Emily Nussbaum qui aurait été l’une des premières à utiliser ce terme, dans un article du New Yorker en 2012, pour qualifier Smash, une série “que les gens adoraient hate watcher parce que c’était mauvais de manière spectaculaire”.
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En effet, si l’expression est souvent utilisée pour désigner des séries (Elite, Plan cœur, Riverdale), elle s’est ensuite étendue aux réseaux sociaux. Ainsi, nous désignerons par hate watching le fait de suivre quelqu’un sur Instagram, Twitter ou encore YouTube avec l’intention de le maudire, de se moquer, de critiquer son contenu ou son sujet.
Pour vérifier l’existence de ce phénomène (sur les réseaux sociaux), on a donc mené une enquête de terrain très poussée sur les “hate watchers” de Konbini… Et ça n’a pas loupé.
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“Être un hater honnête”
“Je suis plein de chaînes YouTube de gens que je n’aime pas trop”, avoue Mathieu*. Si cela paraît contradictoire, en réalité, beaucoup partagent cet étrange sentiment de satisfaction à la vue de contenus qu’ils détestent.
Cependant, tous reconnaissent le caractère malsain de cette pratique… “Qu’il s’agisse de célébrités ou non, c’est du pur voyeurisme”, assure Laura*.
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Mais pourquoi se donner tant de mal ? “Pour alimenter ma haine”, répond Juliette*. Pourquoi ne pas utiliser ce temps pour faire autre chose, comme regarder du contenu qui nous plaît ? “Il faut avoir du contenu pour pouvoir critiquer”, surenchérit Bérénice*.
S’informer constamment sur les personnes qu’on n’apprécie pas permet d’avoir une bonne raison de les détester. “Ça me donne du grain à moudre, des arguments pour être un hater honnête”, scande Mathieu*.
Quant à Hugo*, il avoue qu’il lui arrive de “regarder les contenus horribles d’extrême droite” à des fins politiques afin de “pouvoir démonter leurs propos”. Il précise que sa consommation est occasionnelle, le plus souvent suite à un scandale politique. Logique.
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“Libérer des pulsions agressives sans aucun danger”
Si on n’est pas convaincus des bienfaits du hate watching, Stephen Dehoul, psychologue et psychothérapeute en addictologie, a soulevé le caractère thérapeutique de cette pratique (plus commune qu’on ne le croit) pour le Huffington Post : “Trouver une satisfaction à regarder un film ou une série qui ne provoque en vous que de la haine, du dégoût ou du mépris, c’est permettre à votre inconscient de libérer des pulsions agressives sans aucun danger.”
Si toutes les personnes interrogées se font un malin plaisir de critiquer le contenu qu’ils détestent, les “hate watchers” sont loin d’être des cyberharceleurs. “Je veux me convaincre que ma vie est mieux que la sienne, c’est juste de la curiosité”, affirme Juliette*. “Je ne laisse jamais de commentaire haineux, ça, je ne comprends pas. Je rage toute seule dans mon coin et je passe mon chemin”, déclare Laura*.
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Passer son chemin. Tracer sa route. C’est ce qui peut arriver à ceux qui comprennent que le côté malsain de cette pratique les pèse davantage qu’il ne les réconforte : “Je regardais toutes les publications d’une personne que je n’aime pas juste pour pouvoir rager dessus. Je me suis peu à peu rendu compte de la toxicité du truc et j’ai fini par me désabonner”, nous avoue Léa*.
Pour nous écrire : hellokonbinitechno@konbini.com
*Les prénoms des personnes interrogées ont été modifiés à des fins d’anonymat.